L’INSEE a dévoilé les chiffres concernant l’activité non salariée en France, sur l’année 2012. 2,5 millions de personnes exercent une activité non-salariée en 2012, gagnent 3110 euros par mois en moyenne, avec de très fortes disparités selon le statut juridique, le secteur économique et le sexe à prendre en compte.
Hors secteur agricole, plus de 2,5 millions de personnes exercent une activité non salariée en France
Fin 2012, en France métropolitaine et dans les DOM, plus de 2,5 millions de personnes exercent une activité non salariée dans l’ensemble des secteurs non agricoles. Pour 90 % d’entre elles, il s’agit de leur activité principale, les autres tirant l’essentiel de leurs ressources d’une activité salariée. Entrepreneurs individuels (y compris auto-entrepreneurs) ou gérants majoritaires de société, la moitié des non-salariés se répartit entre le commerce et l’artisanat commercial (20 %), la santé (16 %) et la construction (14 %).
Fin 2012, près d’un non-salarié sur quatre est auto-entrepreneur
Sous l’impulsion de l’autoentrepreneuriat, la population non salariée non agricole poursuit sa progression en 2012 : les effectifs augmentent de 5,4 % après une hausse de 4,9 % en 2011. Mis en place en janvier 2009, le statut d’auto-entrepreneur continue en effet de gagner du terrain : fin 2012, 588 000 auto-entrepreneurs sont économiquement actifs, soit près d’un non-salarié sur quatre, contre 487 000 fin 2011, 380 000 fin 2010 et 185 000 fin 2009.
Face à l’essor de l’autoentrepreneuriat, le nombre d’indépendants « classiques » augmente aussi en 2012 (+ 1,5 %), après la légère hausse observée l’année précédente (+ 0,3 %). Cette progression concerne en premier lieu les professions paramédicales (+ 5,4 %), les activités artistiques et récréatives (+ 5,0 %) mais aussi les services aux entreprises et mixtes comme l’information et la communication (informatique notamment), les activités juridiques ou le conseil de gestion.
Un indépendant classique sur dix gagne moins de 450 euros par mois, un sur dix plus de 7 440 euros
En 2012, les indépendants classiques (hors agriculture et hors auto-entrepreneurs) ont retiré en moyenne 3 110 euros par mois de leur activité non salariée, avec des disparités de revenu beaucoup plus marquées que pour les salariés. Cette dispersion s’explique à la fois par le poids des hauts revenus et par la présence de revenus très faibles voire nuls. Ainsi, un indépendant classique sur dix (9,6 %) déclare un revenu nul car il n’a pas dégagé de bénéfices ou se rémunère autrement, par exemple sous forme de dividendes.
Hors revenus nuls, un sur dix a un revenu inférieur à 450 euros mensuels, un sur quatre déclare moins de 1 030 euros et la moitié moins de 2 080 euros par mois. En haut de l’échelle des rémunérations, un indépendant classique sur quatre perçoit plus de 4 040 euros par mois et un sur dix plus de 7 440 euros.
Le commerce hors magasin génère les revenus les plus faibles (930 euros par mois), suivi par la coiffure et les soins de beauté, les autres services personnels, les activités artistiques et récréatives et les taxis (de 1 250 à 1 400 euros mensuels). Les revenus les plus élevés sont perçus dans les professions juridiques et comptables (8 520 euros en moyenne), suivies par les médecins et dentistes (8 090 euros) et le commerce pharmaceutique (7 590 euros).
En 2012, les auto-entrepreneurs économiquement actifs ont retiré en moyenne 450 euros mensuels de leur activité non salariée. Ce revenu est sept fois moins élevé que celui des indépendants classiques. Plus d’un auto-entrepreneur sur quatre a gagné moins de 80 euros par mois, la moitié moins de 260 euros, et neuf sur dix moins de 1 200 euros.
Baisse des revenus moyens dans la plupart des secteurs d’activité
En 2012, dans un contexte de fort ralentissement de l’activité économique (le PIB s’accroit de 0,2 % en volume en 2012, après une hausse de 2,1 % en 2011), le revenu moyen des indépendants classiques a baissé de 1,8 % en euros constants, après trois années consécutives de hausse. Le revenu des auto-entrepreneurs s’est également réduit de 3,3 % par rapport à 2011.
Pour les indépendants classiques, la baisse concerne en premier lieu les professions juridiques et comptables (– 6,0 % en euros constants), dont les revenus varient assez sensiblement d’une année sur l’autre, ainsi que l’hébergement et la restauration (– 5,3 %), le commerce pharmaceutique (– 5,1 %) et les métiers de bouche (– 4,6 %), déjà en repli l’année précédente.
Les revenus continuent toutefois de progresser fortement dans certains secteurs, notamment dans l’information et la communication (+ 7,5 %). Il en va de même pour les arts et spectacles (+ 7,2 %), même s’ils demeurent en bas de l’échelle des revenus. La hausse se poursuit également dans les services administratifs et de soutien aux entreprises (sécurité, nettoyage, etc.), le conseil de gestion, le commerce hors magasin ou encore l’enseignement.
Par ailleurs, la création du statut d’auto-entrepreneur a entraîné le développement d’activités non salariées souvent peu rémunérées. L’essor de l’autoentrepreneuriat contribue donc, comme les années précédentes, à la baisse du revenu moyen de l’ensemble de la population non salariée, indépendants classiques et auto-entrepreneurs réunis : fin 2012, les personnes exerçant une activité non salariée ont perçu en moyenne 2 520 euros mensuels, soit 5 % de moins qu’en 2011.
Un auto-entrepreneur sur trois occupe également un emploi salarié
Le faible niveau de revenu des auto-entrepreneurs est en partie dû aux plafonds imposés sur les chiffres d’affaires pour bénéficier de ce régime, mais aussi au fait qu’il s’agit souvent d’une activité d’appoint : fin 2012, près d’un auto-entrepreneur sur trois cumule cette activité avec un travail salarié, contre un indépendant classique sur dix. En 2012, le revenu d’activité global de ces pluriactifs (incluant le salaire) atteint 2 070 euros mensuels dont à peine 15 % (320 euros) proviennent de leur activité non salariée. Les auto-entrepreneurs n’exerçant pas d’activité salariée ont perçu en moyenne 520 euros par mois.
Parmi les indépendants classiques, en 2012, le revenu global d’activité des pluriactifs s’élève à 5 630 euros mensuels, dont près de la moitié (2 580 euros) est issue de leur activité non salariée. Les pluriactifs bénéficient donc d’une rémunération globale plus élevée que les monoactifs (3 160 euros) mais leur revenu d’activité non salarié est plus faible, le temps voué à l’activité salariée pouvant concurrencer celui consacré à leur entreprise.
La part des pluriactifs tend toutefois à se réduire, aussi bien chez les indépendants classiques (de 11 % fin 2009 à 10 % fin 2012) que, de façon plus marquée, chez les auto-entrepreneurs (de 38 % à 32 %).
À secteur égal, les femmes gagnent un tiers de moins que les hommes
Les femmes restent largement minoritaires parmi les non-salariés : elles ne forment qu’un tiers des effectifs en 2012 alors qu’elles représentent presque la moitié des salariés. Néanmoins, leur présence s’accroît progressivement : de 31 % en 2007 à 34 % en 2012, soit 3 points de plus en 5 ans. Cette présence s’est notablement accrue dans les métiers les plus qualifiés (médecins, professionnels du droit, architectes ou autres professions libérales), mais aussi dans des activités où elles ont largement investi l’autoentrepreneuriat : c’est le cas dans l’industrie (habillement ou fabrication de bijoux fantaisie par exemple), les services administratifs et de soutien ou encore l’enseignement.
L’autoentrepreneuriat attire un peu plus de femmes que l’entrepreneuriat classique : fin 2012, plus de 40 % des auto-entrepreneurs installés dans l’année sont des femmes, contre 36 % des indépendants classiques.
Moins nombreuses que les hommes, les femmes sont aussi moins bien rétribuées : parmi les indépendants classiques, elles gagnent en moyenne un quart de moins (2 580 euros mensuels en 2012 contre 3 360 euros pour les hommes). Pourtant, elles exercent dans des secteurs souvent plus rémunérateurs. Une partie de cet écart s’explique par un temps de travail moins important ; elles sont aussi plus jeunes et dirigent des entreprises de plus petite taille que leurs confrères. L’écart de revenu entre femmes et hommes tend malgré tout à se réduire au fil des ans. Entre 2011 et 2012, le revenu des indépendants classiques baisse ainsi de 0,7 % pour les femmes contre 2,1 % pour les hommes.