La notion de management est assez récente, même si les entreprises ont de tout temps eu des employés. Elle débute entre 1880 et 1920 avec les travaux de Frederick Winston Taylor sur l’organisation scientifique du travail, modèle adopté par Henri Ford aux USA. Depuis le fordisme et le taylorisme, les choses ont évolué, très lentement, mais se sont accélérées ces dernières années, sous la pression de la jeune génération, qui refuse de subir le poids de la hiérarchie.
Aujourd’hui, on parle même d’innovation managériale dans les entreprises, tant le phénomène vient à s’amplifier et révolutionner les habitudes des dirigeants.
Nous avons interrogé Yohan Ruso, fondateur de Praditus, une solution bénéficiant du label Jeune Entreprise Innovante et qui a levé 1,3 millions d’euros en octobre 2014, qui permet de révéler les talents en entreprise.
Yohan a plusieurs expériences entrepreneuriales réussies dans son parcours, dont Directeur Général d’Ebay, il est aussi au board de Prestashop et Educlever, ainsi que Business Angel à travers Fashion Capital Partners, un fond qui prend des participations en early-stage dans des startups du domaine de la mode.
Son équipe est composée de 8 personnes dont une équipe de recherche composée de 3 docteurs en psychologie et management des compétences.
L’innovation managériale, on en parle beaucoup, mais assiste t-on vraiment à une mutation actuellement ? Quels sont les pays qui ont pris de l’avance sur le domaine ? De qui faut -il s’inspirer ?
Il faut d’abord préciser que les exemples de management alternatif et innovant sont là depuis plusieurs années. Il y a eu beaucoup d’expérimentations à l’étranger bien sûr, mais également en France. On peut citer par exemple les entreprises sans management où les salariés fixent eux-mêmes leurs objectifs.
Ensuite, il faut ajouter que la culture managériale s’inspire du chef d’entreprise qui va « impulser » sa vision de la gestion des hommes et des femmes mais également de l’application concrète de cette vision par les managers sur le terrain. Ainsi, les mutations prennent du temps par la nécessité même de former et d’éduquer toute une génération de managers.
Concernant la mutation des méthodes de management, celle qui me marque le plus intéressante est celle du « authentic leadership » qui implique plus d’authenticité, de vérité et d’empathie dans la relation entre un manager et son équipe.
Les mutations prennent du temps par la nécessité même de former et d’éduquer toute une génération de managers
Les startups et la Génération Y dont on parle beaucoup ont t-elles poussé à cette innovation ? Qu’est ce que les jeunes ont à apprendre à l’ancienne génération en matière de relations au travail ?
Pour les générations Y, on ne parle plus de métier mais de projet. Un jeune qui arrive actuellement sur le marché du travail cherche avant tout une aventure, une expérience, un projet auquel il ou elle pourra contribuer. Si le projet ne motive plus, alors la personne n’aura aucun souci à changer d’entreprise.
Les départements RH ont bien compris ces changements de mentalité et cherchent à s’adapter en proposant une organisation du travail mieux adaptée. En particulier, les RH vont essayer de proposer le meilleur parcours d’on-boarding possible (les premiers mois dans l’entreprise) en valorisant au mieux le jeune collaborateur et en renouvelant les challenges.
La grande question sera de savoir si ces changements de méthode managériale seront confinées au début de carrière des jeunes collaborateurs ou si cela transformera durablement le mode de management des entreprises.
Pour les générations Y, on ne parle plus de métier mais de projet
Quels sont les points importants à privilégier pour manager positivement ? Le management sans manager, mis en place chez Zappos par exemple, est-il un mythe ou peut-il vraiment s’appliquer ?
Sans aller jusqu’au management sans manager, l’essentiel à mon sens est de favoriser une discussion honnête et directe entre le manager et le collaborateur. J’ai l’habitude de dire « feedback is a gift » et cela s’applique aussi bien pour ses clients que pour son manager. On apprend du feedback des autres, du moment que cela se fait de manière respectueuse des personnes.
L’essentiel à mon sens est de favoriser une discussion honnête et directe entre le manager et le collaborateur