Avec le développement du freelancing actuellement, la solution la plus économique pour travaille reste le travail à domicile. Même les espaces de coworking ou café-coworking sont beaucoup trop cher quand on débute. Mais voilà, seul(e) à la maison toute la journée peut vie devenir pesant, surtout, lorsqu’on a peu de rendez-vous en extérieur et qu’on avait auparavant l’habitude de travailler en équipe. C’est sur cette constatation que Laura Choisy a fondé Cohome, une plateforme de mise en relation entre travailleurs indépendants pour se retrouver les uns chez les autres à moindre coût, dans une ambiance conviviale.
Présente dans plus de 11 villes en France, 4 mois seulement depuis son lancement, Cohome recense aujourd’hui plus de 110 espaces de travail (dont une cinquantaine à Paris) et compte plus de 4500 membres.
Laura nous en dit plus :
Qui êtes-vous ? D’où est née l’idée de Cohome ? Qu’est ce qui vous a motivé à lancer ce projet ?
Je suis la fondatrice de Cohome. L’idée est née lorsque je me suis lancée en freelance en communication web pour le secteur associatif. Je quittais un open space en agence de communication et me retrouver seule à bosser toute la journée, seule depuis mon salon est rapidement devenu pesant. Je me suis intéressée aux espaces de coworking mais je n’avais pas les moyens d’y aller plus qu’une fois de temps temps. En démarrant une activité indépendante, je ne pouvais pas me permettre un nouveau loyer. Les fois où je m’y déplaçais étaient par ailleurs trop rares pour que je puisse réellement y nouer des contacts.
J’ai aussi fréquenté les cafés équipés de wifi, mais je trouvais ça inconfortable au quotidien : trop bruyant, mauvaise qualité du wifi, etc. La seule solution qui me paraissait faisable était de rester chez moi, mais sans y être seule.
Me retrouver seule à bosser toute la journée, seule depuis mon salon est rapidement devenu pesant
Quelle est la philosophie de Cohome ?
Cohome a pour ambition d’apporter une solution de travail de proximité à tous les professionnels, quelque soit leur situation (entrepreneur, freelance, en recherche d’emploi, étudiant, etc.) et leurs moyens financiers. En proposant le coworking à domicile, c’est le sentiment d’isolement que nous voulons combattre.
Comment avez-vous financé le lancement ?
Le financement de la société repose sur les fonds propres des associées fondatrices et sur le soutien de plusieurs business angels qui croient autant que nous au cohoming.
Quel est le business model ? Qui ciblez-vous ?
Notre business model est simple et compréhensible par tous. Un hôte qui reçoit chez lui peut demander un pourboire qui peut aller de gratuit (aucune obligation de demander un pourboire, la simple envie de recevoir chez soi est un moteur bien suffisant pour de nombreux utilisateurs), jusqu’à 10€/jour et par personne reçue. Sachant que la moyenne demandée tourne autour de 4€/jour/pers.
Sur ce montant demandé par l’hôte, nous ajoutons 1€ de commission fixe et symbolique à chaque réservation.
Après 4 mois d’existence, où en êtes-vous ?
Le site de réservation en ligne de Cohome a été lancé début octobre 2016. En 4 mois, nous comptabilisons déjà plus de 4 500 inscrits sur le site et 160 annonces de cohoming sur l’ensemble du territoire français.
Quels sont les obstacles que vous avez du surmonter pour la création et encore aujourd’hui pour le développement de Cohome ?
Cohome est une innovation sociale et comme toute innovation, il y a une importante phase de sensibilisation au service. Nous avons un gros travail de notoriété à effectuer pour que l’usage du cohoming se démocratise progressivement. De même, nous travaillons à passez le cap du 1er cohoming, car une fois qu’un cohomeur a testé, il réutilise systématiquement le service.
Nous avons un gros travail de notoriété à effectuer pour que l’usage du cohoming se démocratise progressivement
Quel retour avez-vous des utilisateurs et médias ? Qu’est ce que Cohome apporte à ses utilisateurs ?
Les utilisateurs et médias sont enthousiastes et intrigués. Le monde du travail est en plein bouleversement. Il n’y a pas si longtemps, il était simple de différencier les stades professionnels d’un individu. Il était étudiant, devenait salarié, avait parfois une phase entrepreneuriale, puis était en retraite. Aujourd’hui, ces frontières ont vocation à disparaitre, un étudiant peut aussi être freelance ou étudiant entrepreneur, un salarié peut être télétravailleur tout en entreprenant en parallèle de son salariat ou même faire de l’intrapreneuriat. Les entrepreneurs de leurs côté sont en portage salarial ou coopérative, auto entrepreneur ou en SAS, bref, ils ne sont plus dans une seule case.
Cohome apporte de multiples bénéfices à ses utilisateurs. Ils peuvent développer leur réseau professionnel en rencontrant chez eux ou chez d’autres des professionnels de tous horizons. En sortant de leur isolement (choisi ou subi), ils retrouvent une forme d’organisation : quand il y a d’autres professionnels qui viennent chez soi ou qu’il faut se déplacer, cela permet instantanément de mettre un cadre à sa journée de travail. En regardant plus loin, on constate aussi que cela améliore la productivité : lorsque vous êtes entouré de personnes qui travaillent, cela vous encourage à vous concentrer.
Qu’est ce qui fait la différence par rapport à un espace de coworking ou café-coworking ?
Le coworking et le cohoming sont deux activités différentes. Le coworking est limité à une zone précise entre 4 murs, avec un abonnement ou un prix à l’heure. Le cohoming est sans limite, vous pouvez changer de lieu de travail tous les jours si vous le souhaitez, le faire à côté de chez vous ou dans les villes où vous vous déplacez. Le cohoming se fait également en petit comité : lorsque vous allez chez quelqu’un, il y a en moyenne 2 ou 3 personnes, pas plus. Par ailleurs, le prix est très différent, 4€ en moyenne par jour avec thé/café illimité, tandis que le coworking est plutôt à 20€ la journée.
Quel est le profil des personnes qui accueillent, leurs motivations ?
Les hôtes sont des professionnels avec des profils très variés et leurs motivations varient en fonction de leurs profils. Lorsqu’ils sont télétravailleurs salariés, le cohoming les aide à garder une ambiance d’équipe. Lorsqu’ils sont étudiants, il s’agit pour eux de cadre leurs journées de révision par exemple. Lorsqu’ils sont entrepreneurs, il peut s’agir de dynamiser leur réseau professionnel pour faire plus de business. Lorsqu’ils sont demandeurs d’emploi, cela les aide à rester motiver lors de longues journées d’envois de CV. Bref, Cohome apporte une solution à chaque problématique grâce à une vraie mise en relation professionnelle.
Est-ce un projet plutôt à destination des grandes villes ou aussi en banlieue/province, là où il n’y a pas d’offre de coworking, ni bureau sauf à tarif très élevé ?
Cohome a pour vocation à se développer sur l’ensemble du territoire, autant en plein centre à forte densité urbaine, que dans les zones rurales. Il y a des professionnels indépendants partout en France et les espaces de coworking ne peuvent pas s’implémenter dans des zones trop peu peuplées. Nous voulons aider les professionnels, où qu’ils soient, à pouvoir réaliser leur projet professionnel.
Il y a des professionnels indépendants partout en France et les espaces de coworking ne peuvent pas s’implémenter dans des zones trop peu peuplées
Le Cohoming semble s’inscrire dans une évolution des valeurs sociétales et notamment dans la vie professionnelle, pensez-vous que cette quête de sens professionnelle actuelle perdurera ? A quoi est-elle due selon vous ? Qu’est-ce que le cohoming peut apporter ?
Cette quête de sens va perdurer. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère où le numérique façonne notre rapport au travail et à l’emploi. A quoi bon rester enfermé dans un emploi qui ne me correspond pas si je peux développer les compétences qui me tiennent à cœur avec une simple connexion internet ? Pourquoi rester enfermé entre 4 murs dans une entreprise si je peux effectuer mon activité depuis de nombreux endroits, encore une fois grâce à internet ?
Notre perception de l’apprentissage évolue et valorise les autodidactes qui décident où et quand apprendre, en le décorrélant de la méthode pour ne se fier qu’aux résultats.
D’un autre point de vue, les machines vont progressivement et rapidement remplacer les emplois qui n’ont aucune valeur ajoutée en étant effectué par un humain. Si les machines nous remplacent, vers quoi nous tourner ? Vers les métiers plus humains, qui créent du lien, de la valeur sociétal et environnementale dont nos sociétés ont grand besoin.
Le cohoming s’imbrique dans cette mouvance où chacun peut trouver ce qui lui correspond, faire des rencontres professionnelles qui lui permettront de se développer et tout cela sans engagement et à petit prix.
Selon vous, est-ce que travailler chez soi est aujourd’hui mieux perçu qu’il y a 5 ou 10 ans ? Comment faire évoluer les mentalités ?
Oui, aujourd’hui le travail à domicile est mieux perçu, même si l’impression demeure que ceux qui le pratiquent sont chez eux en pyjama toute la journée. Les clichés ont la vie dure. Pourtant, de nombreux professionnels cherchent à améliorer leur équilibre professionnel et familial, et en restant à domicile régulièrement, le bien-être ressenti arrive très rapidement. Vous n’êtes plus forcément dérangé constamment ce qui améliore votre concentration, vous êtes dans un environnement qui vous correspond ce qui vous permet d’être plus « aligné » avec ce que vous faites.
L’évolution des mentalités arrive en son temps et avec l’évolution des métiers. Et il est aussi du devoir de chacun de promouvoir sa manière de voir les choses et de vivre sa vie. Il n’est pas question d’imposer le travail à domicile car ça ne correspond pas à tous, de même qu’il ne devrait pas être obligatoire de travailler dans un bureau fermé car cela n’est pas compatible avec la plupart.
Aujourd’hui le travail à domicile est mieux perçu, même si l’impression demeure que ceux qui le pratiquent sont chez eux en pyjama toute la journée
Un conseil pour un futur entrepreneur ?
Chaque entrepreneur est différent et un conseil serait de suivre sa propre voie, car vous êtes les seuls à savoir ce que vous voulez réellement faire. Alors n’écoutez pas trop les conseils 😉