Alors que 25,1% des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage en France (sources INSEE 2016), contre une moyenne – avec de fortes disparités – de 18,4% en Europe, 6 jeunes sur 10 envisagent d’entreprendre un jour, selon une enquête réalisée par OpinionWay pour l’UAE dans le cadre de son Observatoire co-édité avec la Fondation Le Roch-Les Mousquetaires à l’occasion du 24ème Salon des Entrepreneurs de Paris, auprès d’un échantillon représentatif de 1006 jeunes Français âgés de moins de 30 ans.
Une réponse de la nouvelle génération à un taux de chômage endémique ? En effet, le taux de chômage des jeunes surpasse de plus de deux fois le taux de chômage général en France depuis plus de 20 ans, sans que les gouvernements successifs n’aient trouver de réponse adaptée.
L’épanouissement passe avant la sécurité de l’emploi
Dans un contexte économique difficile, les jeunes affichent un regard paradoxalement très positif sur le travail : 80% des jeunes se déclarent satisfaits de leur situation professionnelle et 70% s’estiment optimistes quant à la suite de leur parcours professionnel. Pour les jeunes interrogés, le travail doit aujourd’hui remplir des aspirations plus personnelles, contribuer à l’épanouissement individuel et préserver un équilibre de vie.
Ils accordent ainsi la même importance à l’épanouissement (44%) qu’à la rémunération (45%), juste devant l’équilibre vie privée/vie professionnelle (39%). Seulement 27% des jeunes recherchent la sécurité de l’emploi, qui arrive au même niveau que le contenu des missions (30%) ou l’ambiance de travail (28%). Leurs priorités évoluent donc et, même s’il reste un objectif pour la majorité des jeunes, le CDI n’a plus autant de succès : un jeune sur quatre (26%) déclare être de moins en moins attirés par le CDI, voire pas du tout.
La liberté et l’autonomie apparaissent enfin comme des motivations croissantes des jeunes qui citent, comme leviers d’épanouissement dans leur vie professionnelle, à 85% l’évolution des modes de travail (coworking, télétravail, flex office, etc.), à 81% la facilité de devenir travailleur indépendant au cours de son parcours et à 80% la possibilité d’avoir plusieurs employeurs en même temps ou successivement.
L’entrepreneuriat, une réponse à l’inaccessibilité du CDI
60% d’entre eux envisagent de se mettre à leur compte, de reprendre ou de créer une entreprise, soit deux fois plus que la totalité de la population (30%2), et un quart d’entre eux (26%) compte passer à l’acte d’ici deux ans, ce qui représente près d’1,5 million d’entrepreneurs potentiels à court terme. Le travail indépendant semble prendre toute sa place là où le salariat n’est plus le modèle unique.
Travailler à son compte présente selon eux plusieurs avantages : l’autonomie (40% apprécient le fait d’être leur
propre patron), la liberté dans les méthodes de travail (35%), l’organisation des horaires (30%), le choix des missions (26%) ou enfin une source d’épanouissement personnel (28%).
La création d’entreprise est donc une réponse à des aspirations personnelles mais aussi un moyen de contourner les failles du système. La volonté de se mettre à son compte signifie peut être une appréhension du marché du travail salarié, liée à la peur du chômage. Interrogés sur la valeur du CDI, les jeunes laissent ainsi transparaître son caractère inaccessible : 81% jugent qu’il est difficile à atteindre, voire très difficile même pour 23% d’entre eux.
Les jeunes souhaitent une réforme du système éducatif
Les jeunes portent tout de même un regard réaliste sur la création d’entreprise et sont conscients des freins qui peuvent entraver leur route : les risques financiers (52%), l’incertitude sur le revenu (46%), le manque de couverture sociale – droit au chômage, indemnités journalières pour une maladie ou un accident – (37%), la lourdeur administrative (29%), le fait d’être perçu comme n’ayant pas une situation stable – difficulté pour louer un logement, obtenir un crédit, ouvrir un compte bancaire – (28%). 81% des jeunes souhaitent une indemnisation des indépendants en cas de perte subite d’activité.
C’est sur leur préparation à intégrer le monde du travail que les jeunes se montrent les plus sévères : 55% considèrent que le système éducatif ne les forme pas correctement pour s’adapter à l’évolution des activités (mécanisation, nouveaux outils, nouveaux enjeux numériques…), 67% qu’il prépare mal à intégrer le marché du travail et 79% qu’il prépare mal à se lancer dans l’entrepreneuriat ou à son propre compte. La réforme du système éducatif vers une meilleure préparation au marché du travail est d’ailleurs leur première attente pour améliorer l’emploi des jeunes (50%).