Entreprendre c’est un choix de vie, personne ne le niera. Une décision qui n’est jamais prise à la légère, la plupart du temps mûrement réfléchie pendant 1 ou 2 ans, en famille, en pesant le pour et le contre, les avantages qui seront perdus et les belles choses qui se produiront, les objectifs à atteindre, ses points forts et ses manques, etc… D’autres se lanceront dès la fin de leurs études comme une évidence, ou parce que le goût d’indépendance et la quête de sens sont trop forts pour envisager un autre chemin de vie. Chacun aura sa propre motivation au départ. Une motivation qui doit être suffisamment forte et engageante pour mener l’entrepreneur jusqu’au bout de son aventure.
Une conjonction d’évènements déclenchants
Parfois créer son entreprise n’avait jamais été envisagé jusqu’à l’instant qui fait tout basculé : un licenciement, un divorce, un déménagement dans une nouvelle région, une forte envie de changer de vie. Des moments où seule la création d’une entreprise ou de son propre job apparait comme une issue et un commencement de quelque chose. Ce fut le cas pour Cécile Bonnet, fondatrice de Je suis une star de mon business. Mais pas tous les jours, « un accident de ma vie professionnelle s’est révélé une opportunité que j’ai alors saisie« . Un licenciement alors que Cécile attendait son deuxième enfant qui lui a permis « de prendre sa liberté en travaillant à son compte« . Un évènement qui lui a fait réaliser qu’au fond d’elle, elle « repoussait l’idée (et le besoin !) » de se lancer, « mais je ne le savais pas quand je me suis lancée« . Après une rupture dans sa vie professionnelle, créer son entreprise apparait souvent comme une bouffée d’air pur, un vent de liberté, pouvoir enfin faire ce dont on a envie et qu’il était impossible de réaliser dans une grosse structure « j’aspirais à pouvoir faire librement ce en quoi je croyais profondément et qui paraissait étranger (voire utopiste) à mon environnement professionnel« . C’est ainsi que Cécile est devenue consultante en épanouissement commercial pour les entrepreneurs qui souhaitent donner un vrai sens à leur action et s’épanouir dans ce qu’ils font au quotidien, afin de rendre heureux leurs clients et leurs équipes. « J’avais soif (au sens vital) d’exprimer enfin ce que je portais en moi« . Un job très éloigné du monde du travail classique…
Il en est de même pour Karen Patouillet, fondatrice de l’Agence vingt quatre « la création d’entreprise a largement relevé du hasard au départ pour moi. Il y a eu une conjonction de facteurs : l’envie de m’installer dans une nouvelle région, le fait de ne pas trouver de job qui me plaisait, le souhait de conserver dans un quotidien rythmé, dynamique, avec beaucoup d’enjeux« . Des attentes qui devenaient difficiles à concilier avec un emploi salarié, même à responsabilités. Lorsqu’elle quitte son poste en cabinet ministériel, Karen ne voit alors qu’une seule option pour rassembler tout ce qu’elle recherche « la seule prise de risque qui m’a alors intéressée, c’était la création d’entreprise« . Un choix qu’elle n’a jamais regretté et une entreprise qui aujourd’hui continue de grandir « écrire une histoire, s’entourer d’une équipe, entrer dans les enjeux de clients très différents, les accompagner dans leur évolution, et faire grandir l’entreprise à ses différentes phases d’évolution… A posteriori, je le constate, c’est encore plus impliquant que mes jobs précédents ! »
Les hasards de la vie font souvent bien les choses dans la vie des entrepreneurs. Comme ce fut le cas pour Gary Anssens, fondateur d’Alltricks qui a lancé son entreprise après un grave accident de vélo « A ma sortie de l’hôpital, j’ai repris une formation Bac +3 en commerce et j’ai rencontré un jeune entrepreneur qui gérait sa boite en parallèle des cours. J’ai commencé à travailler un peu avec lui, j’ai monté la mienne, je faisais ma compta pendant les cours de compta et je définissais ma stratégie commerciale pendant les cours de commerce. Je trouvais ça génial. J’ai arrêté les cours et j’ai sauté dans le grand bain« . Une situation qui n’aurait pas pu être autrement pense t-il aujourd’hui avec recul » je suis tellement animé par les challenges que j’aurais été incapable de faire autre chose« .
La quête d’indépendance et de liberté
La liberté fait très souvent partie des raisons qui poussent à créer son entreprise. Poids de la hiérarchie, formatage, idées bridées, consignes à suivre sans poser de questions ont raison de celles et ceux qui veulent vivre leur vie sans entrave dans tous les domaines. « J’aime être indépendante, j’aime avancer, innover, progresser, apprendre, transmettre… Dans le salariat je n’ai jamais eu autant de liberté d’avancer que depuis que je suis à mon compte » explique Anne-Claire Juan Roussiale, fondatrice de Comptes et Bonheur. Créer son entreprise est alors la seule porte de sortie. Entreprendre ne permet bien évidemment pas une liberté à 100% comme on pourrait le croire, car il faut travailler énormément, être en permanence sur la brèche, garder un œil ouvert sur le monde et la concurrence, s’affranchir de ses obligations envers l’État, etc… Mais ce sont des chaînes que bizarrement les entrepreneurs qui ont soif de liberté supportent.
C’est le cas de Stéphanie Huguet, fondatrice de l’agence évènementiel Step by Steph Events « titulaire d’un bac+5 en école de commerce, j’étais destinée à suivre une carrière de salariée en gestion, banque. Mais mon caractère indépendant et mon côté organisatrice m’ont vite rattrapée, j’ai toujours aimé relever des défis, et me mettre en situation de risque. » Stéphanie n’a alors pas hésité à se reconvertir et reprendre ses études à 30 ans, mais aussi quitter sa région natale, le Nord pour la Côte d’Azur, secteur plus propice à l’organisation d’évènements, notamment autour du golf. Son indépendance lui permet aussi d’être « distributrice indépendante pour une marque américaine de produits cosmétiques amincissants » pour compléter ses revenus. La liberté a un prix qui se paye souvent en temps de travail et en ascenseur émotionnel, « l’excitation de la nouveauté, la jouissance de créer » se mêlent à « des périodes de doute et de peur« . Mais la motivation de départ est toujours présente en arrière-plan quelques soient les aléas « mon envie la plus profonde est de réussir, comme tout créateur d’entreprise, de me prouver que les choix que j’ai faits depuis mon changement de vie sont les bons« .
La liberté passe aussi par le fait de prouver qu’on peut réussir en n’ayant pas un parcours académique en montant les échelons un à un depuis la sortie de l’école, mais en se lançant sur un marché auquel seul l’entrepreneur croit. C’est le cas de Nicolas Gueugnier « Je suis devenu entrepreneur pour prouver que moi aussi je peux y arriver« . Il a créé Big Moustache, un concept de service de livraison de lames de rasoir à domicile venu des USA il y a 2 ans et qui aujourd’hui se lance dans un nouveau pari en devenant barbier ambulant. « J’aimerais qu’avec le temps, les personnes qui me prennent pour un fou se disent que finalement l’idée était bonne« . Ou comme Pascal Iakovou qui s’est lancé seul en 2008 dans la création d’un magazine de luxe en ligne, Luxsure, avec l’idée d’en faire un vrai groupe média dans les années à venir « Je voulais faire de Luxsure un grand groupe de presse sur le luxe » alors que le secteur est très fermé. Il n’a alors pas hésité à donner de sa personne pour se faire connaitre et se positionner comme une référence. Il va même jusqu’à participer à une émission de télé-réalité qui lui ouvrira des portes par la suite grâce à son professionnalisme et son refus de jouer le jeu de la production.
La recherche de sens
Donner du sens à sa vie professionnelle est aujourd’hui devenue une des clés du développement personnel. Plus questions d’aller au bureau chaque matin, en attendant la délivrance chaque soir et son salaire en fin de mois pour se payer ses trois semaine de bonheur annuel en août prochain. Le travail fait partie de soi et est source d’accomplissement. Il doit avoir un but, une finalité, servir à quelque chose et quelqu’un, et ne pas aller à l’encontre de ses valeurs au risque de ne plus trouver d’intérêt à ce que l’ont fait et dériver vers un burn out.
« Consultante depuis plusieurs années, je commençais à m’ennuyer des grandes sociétés et de leurs fortes inerties. J’avais besoin de donner plus de sens à ma vie professionnelle, de créer de la valeur. » explique Julie Delaude, fondatrice d’Iconity, un dressing collaboratif et illimité. « Je me suis alors demandé ce qui m’intéressait vraiment : la mode et l’économie collaborative puis j’ai regardé autour de moi ce qui me semblait ne pas fonctionner correctement« . Améliorer un service existant qui ne fonctionne pas comme il devrait, telle est la motivation de nombreux entrepreneurs qui apportent leur petite touche aux changements de la société, en mieux.
« J’ai choisi les bijoux éthiques par conviction. Je me suis toujours sentie concernée par la volonté de contribuer à un monde plus juste » indique Sophie Benaiteau, fondatrice du site de vente en ligne So Capristi. « Je voulais donner un vrai sens à ma vie » ajoute t-elle, alors qu’elle était auparavant contrôleuse de gestion. L’éthique, l’entrepreneuriat social et solidaire, le développement durable regorgent d’entrepreneurs en quête de sens.
Être utile est aussi une des raisons qui incitent à devenir entrepreneur, notamment en créant une association, comme Martine Combemale, fondatrice de Ressources Humaines sans Frontières, une ONG qui parcourt la planète pour défendre de nombreuses causes : faire reculer le travail des enfants, alerter les différents acteurs (entreprises, citoyens, politiques…) sur le travail indécent et le travail forcé “concilier les attentes légitimes des deux maillons extrêmes de la chaîne de sous-traitance, l’entreprise donneur d’ordre et le travailleur du bout du monde est notre combat au quotidien” explique t-elle.
Autant de raisons que de profils et d’entreprises. Devenir entrepreneur c’est une raison d’être, un mode de vie, une implication de chaque instant, des motifs pour lesquels personne ne voudrait revenir en arrière, tous s’accordent sur ce point.