Dubaï, ce n’est pas forcément le premier choix d’expatriation qu’on ferait en tant que femme seule… Et pourtant c’est ce qu’a fait Sandrine Puichaffret après de nombreuses années passées dans des grands groupes au marketing et à la communication. L’envie d’aller voir ailleurs, de relever un challenge personnel et l’attrait de la nouveauté lui ont donné l’envie de s’installer dans la ville de la démesure. Aujourd’hui, elle est partie vers de nouveaux projets, vers l’Amérique du Nord, les USA ou le Canada, mais Dubaï restera une expérience de vie marquante dans sa carrière.
Sandrine nous en dit plus sur son parcours, la vie à Dubaï, ses projets :
Qu’est ce qui vous amené à Dubaï ?
Après plus de 13 ans dans un grand groupe américain, et 15 ans dans différents postes en marketing communication dans des entreprises internationales d’entertainment, j’avais très envie de vivre à l’étranger. Pas d’opportunité interne, pas envie de finir aigrie, j’ai pris les choses en main et accepté de quitter mon poste confortable.
Après 6 mois à Madrid pour apprendre l’espagnol et prendre ma revanche sur l’allemand qu’on m’avait imposé au collège, puis 1 mois pour passer mes diplômes en œnologie, j’ai fait une étude de marché mondiale sur les potentiels postes en marketing & communication pour les seniors… Pour une nana sans mec et sans enfant, où pouvais-je trouver un poste challengeant en anglais dans un environnement multi-culturel ?!
– Asie : c’était un peu loin pour commencer, et les juniors que j’ai pu croiser sont super qualifiés, je n’ai aucune connaissance du marché ou de la langue et zéro légitimité. Conclusion ça ne marchera pas.
– Amérique du Sud : marché très hétéroclite, je me débrouille en espagnol mais pas assez pour travailler dans cette langue et globalement le continent était économiquement dans une passe difficile. Conclusion ce n’est pas le moment pour moi là-bas.
– L’Afrique noir et Maghreb : je n’étais pas attirée par ses pays et seule, je le sentais moyen sans oublier la situation économique chaotique. Conclusion non.
– Amérique du Nord : les USA je connais la façon de travailler, j’y ai vécu, j’y ai donc des connaissances mais la dernière fois mes amies m’avaient proposé le mariage blanc pour pouvoir rester aux US… je le sentais moyen donc bof !
– Canada : j’ai une amie à Toronto qui me décrit un cadre de vie sympa et culturellement proche de la France, mais le
-27° lors de notre Skype fin mars, avait rafraichi mes ardeurs. Conclusion pas le bon moment.
– Le Moyen-Orient : quand j’avais demandé une mobilité internationale au sein de ma société c’était la seule zone du monde que j’avais exclue. Mais on a commencé à me parler de Dubaï, cette mégapole-état ultra marketée, au business semblant très dynamique. Un ami part justement s’installer à Oman le sultanat juste à côté, j’en profite alors pour faire un voyage de prospection. En une semaine et après un emailing ciblé, je décroche une quinzaine de rendez-vous et un entretien d’embauche. C’est décidé, ça bouge vite, je boucle mes dossiers et direction Dubaï où j’atterris sans job en plein Eid 2014.
En une semaine et après un emailing ciblé, je décroche une quinzaine de rendez-vous et un entretien d’embauche à Dubaï
Qu’y faites-vous ?
Après une adaptation nécessaire pour trouver les bons contacts et comment fonctionne le Moyen Orient, j’ai décroché un CDD pour remplacer la Directrice Communication GMEA d’un groupe international pendant son congé maternité. Voilà mon challenge tant désiré !!
Grâce à ce poste j’ai eu la chance de découvrir l’Afrique où j’ai mis en œuvre des événements B2B au Kenya et au Nigeria. J’ai été impressionnée par le professionnalisme et l’envie de prouver qu’ils savent aussi bien faire qu’en Europe, malgré les problématiques locales comme les coupures d’électricité ou la sécurité très renforcée au Nigeria.
D’exceptionnelles rencontres humaines !!
J’y ai appris la notion du temps très différente au Middle East, comme le stand à des années lumières d’être fini la veille d’une exposition de grande envergure, et qui sera parfait le lendemain… On relativise et on fait confiance.
Je me suis amusée à travailler le banding d’un nouveau bureau à Cap Town que je ne verrai jamais.
J’ai appris à travailler avec une agence de presse pour toute la zone Afrique et Great Middle East, douceur, gentillesse et fermeté sont alors plus que nécessaires pour mener à bien les communiqués de presse.
J’ai aussi été amenée à soutenir l’équipe de direction et les centaines d’employés sur Dubaï dans le cadre de l’annonce de la restructuration mondiale.
Bref, un super job avec une équipe humaine, accueillante et ultra motivée, un vrai cadeau quand on est dans un nouveau pays !!
Quel est votre parcours professionnel ?
Je suis diplômée de l’école de commerce ISG. Comme beaucoup de jeunes, j’ai galéré au début en enchainant les CDD en France dans différents groupes internationaux à différentes fonctions marketing et communication, jusqu’à décrocher mon CDI qui dura 13 ans.
J’ai vécu un peu aux USA, quelques années en cumulé (Chicago, SF, Miami), un peu en Argentine et en Espagne, mais je n’étais pas 100% implantée… Pourtant j’avais déjà une approche pas du tout touristique et l’envie de vivre comme et avec les locaux. J’ai aussi un goût du voyage depuis toujours pour rencontrer des gens de tous horizons et de toute culture. Curiosité, émerveillement et envie sont mes moteurs !!
Qu’est ce qui vous motive dans vos expatriations ?
Je ne me qualifie pas d’expat’, je n’ai pas de package doré mais un contrat local. Je suis plus une habitante du monde, une migrante qui recherche les rencontres humaines et j’utilise mes compétences personnelles et professionnelles pour les vivre pleinement.
Je suis plus une habitante du monde, une migrante qui recherche les rencontres humaines et j’utilise mes compétences personnelles et professionnelles pour les vivre pleinement
Pourquoi choisir les USA prochainement et pour y faire quoi ?
Ce sera l’Amérique du nord, pas forcément les USA. Je vais recreuser avec mon avocate d’immigration US, mais je doute que sans un job qu’aucun américain ne pourra pourvoir, j’ai un salaire suffisamment descend qui ne m’oblige pas à avoir 2 jobs pour boucler mes fins de mois…
Aujourd’hui c’est l’envie de retourner là où je me sens bien, où tout est simple pour moi.
J’ai du mal avec l’accent anglais « anglais », je comprends mieux les Philippins ou un Pakistanais qu’un anglais d’Angleterre grâce à Dubaï.
Quand on part sans job, ce qui est mon cas, on ne ré-invente pas la poudre, je sais faire du marketing et de la communication, donc je vais rechercher un job équivalent ou en dessous du précédent pour m’adapter à mon nouveau pays, puis je verrai où la Vie me mènera.
Comment s’adapte t-on à Dubaï et au Moyen Orient quand on est une femme ?
La question n’est pas le sexe ici, mais sa couleur de peau et son origine ethnique. Je vais être cash, j’ai découvert qu’il existe des grilles de salaire en fonction de son pays d’origine mais aussi de son origine ethnique – je pense à une anglaise d’origine indienne qui m’avait confiée ne jamais envisager rejoindre son concubin à Dubaï, je n’avais pas compris alors…
En tant que chercheur d’emploi la concurrence mondiale se ressent même à un niveau individuel, ainsi en tant que « Western » mon salaire peut être estimé à l’équivalent de celui de 3 indiens, ou 25 à 30% de plus qu’un européen du sud ou de l’est de l’Europe, ou encore que les sud-africains sont les « westerns » les moins bien payés…
Après, étant venue sans emploi, mon salaire est le même qu’un junior ici mes 17 ans d’expérience professionnelle ont une valeur, mais je n’avais pas l’expertise Middle East, qui ne sera potentiellement « payable » que dans 3 à 5 ans… Inch’ Allah !
Les clichés mondiaux sont pleinement réels à Dubaï :
– Les indiens sont dans la finance et les RH
– Les pakistanais et bangladais chauffeurs de taxi, hommes à tout faire
– Les femmes philippines sont nounous à domicile, masseuses ou esthéticiennes
– Les femmes russes sont real estate
– Beaucoup de français sont dans l’industrie du luxe ou l’hôtellerie-restauration
On croise les Emiratis dans les malls, ils travaillent mais ils ne représentent au total qu’environ 9% des 3 millions d’habitants de Dubaï, ils protègent leur culture et se mélangent peu.
S’adapter à Dubaï est assez simple, tout est fait pour simplifier la vie des gens afin qu’ils travaillent et se détendent (donc dépensent !)… Les supermarchés sont partout ouverts 24/7 avec delivery gratuit même pour un paquet de chips. Tous les restaurants même McDO ou Subway font du delivery pour 1 sandwich !! Le laundry est collecté et ramené sous 48h sans surcoût, ça coûte moins cher que de le faire soit même. Dans toutes les tours il y a une salle de gym ouverte 24/7, une piscine (réfrigérée pour l’été et les 50°), et des hommes à tout faire disponibles 24/7. On peut faire laver sa voiture au mall pour 5€ et un homme prendra notre coupon de parking pour le mettre dans la machine…
C’est un environnement ultra sécurisé, on est filmé dès qu’on pose le pied à l’aéroport et c’est sauvegardé 3 ans. Il n’y a pas de vol, car le vol implique la prison ET l’expulsion, tout le monde le sait donc personne ne joue. Laisser son sac sur une plage ou dans un resto, il sera toujours là demain, personne y aura touché – ou juste mis de côté pour vous.
Il est très difficile de vivre à Dubaï sans contrat de travail, car on ne peut pas ouvrir de compte en banque ou louer un appartement… Et surtout le coût de la vie est environ 25% plus cher que Paris car tout est importé, des légumes, aux poulets en passant par Zara ou les Iphones, absolument tout est importé.
Le plus dur ici c’est le coût des appartements, on paye son loyer en une seule fois (parfois 3 chèques). Les propriétaires peuvent décider d’augmenter de 30% le loyer d’une année sur l’autre, ils font actuellement monter les prix en vue de 2020 – l’expo universelle qui aura lieu à Dubaï. Le coût du loyer avec les charges représentent souvent 50% du salaire, à moins d’aller vivre dans le désert loin de l’animation de la ville. En tant que femme seule, c’était impossible car cela m’aurait coupée de toute la vie nocturne, des soirées networking innombrables, et du bord de mer, donc pour moi un peu tout l’intérêt de la ville.
La vie est censée être sans impôt et c’est vrai que ma première feuille de paye, j’ai eu l’impression de l’avoir faite moi-même : papier en-tête, mon nom, une ligne avec mon salaire envoyé par email et c’est tout. Mais, outre les prix globalement plus chers ce qui n’est pas logique si on enlève la TVA, le fret aérien ou maritime devrait être compensé… c’est donc qu’il y a des taxes cachées et il y en a partout. Un exemple la fameuse Sheikh Zayed Road qui désert la ville, il y a des péages électroniques, d’énormes portiques au-dessus de l’autoroute, chaque voiture est enregistrée par le gouvernement avec un sticker associé à votre compte, chaque passage est décompté, c’est donc invisibles mais pas indolores ! Ainsi un aller simple Marina vers l’aéroport international de l’autre côté de la ville vous coûtera 5€, si on fait le trajet aller-retour par 5 jours de la semaine, ça chiffre vite.
Point de vue adaptation on vit comme partout dans un pays occidental… boite de nuit, restaurants, shopping, il n’y a pour l’instant que très peu d’activités culturelles à faire, avec une exception les tours dans le désert quand la saison le permet.
On s’adapte aussi sans s’en rendre compte, j’ai été arrêtée par une de mes meilleures amies parisiennes de passage à Dubaï dans mon envie d’acheter une pochette ultra pailletée, le glitter ici c’est normal 🙂 Pour sortir on ne fait pas les choses à moitié, c’est très habillée, manucurée, brushée, robe et hauts talons ou tout l’opposé basket jean, le kit complet sinon rien.
Après, aucune obligation religieuse, je n’ai couvert mes cheveux que pour visiter des mosquées. C’est une société très tolérante puisque son économie est tournée et dépend du tourisme.
Après il y a quelques codes et comme au Monopoly s’y on ne retient pas la leçon la case Prison revient régulièrement…
– On ne s’embrasse pas en public, sous peine d’être dénoncée souvent par une Emirati et de risquer la prison – certains touristes dans les malls en font les frais
– Pas de tenue indécente dans les lieux public (malls et plage) mais une femme Emirati voilée sera à côté d’une femme en bikini et personne ne sera choquée – le côté schizophrène de Dubaï.
– Boire ou conduire on a choisi, vive le taxi qui n’est pas très cher ! Car pour l’alcool la tolérance au volant c’est zéro de chez zéro. Si on a un accident avec un tout petit peu d’alcool, il n’y a pas d’alcootest aléatoire, c’est prison – l’employeur et le consulat ne peuvent rien faire – après votre cas sera étudié, et au minima vous aurez une grosse amende et vous risquez l’expulsion, donc la perte de votre emploi .
– On ne peut pas tomber enceinte hors mariage, les gynécologues ont ordre de dénoncer ces grossesses – la femme ira en prison. Si un couple conçoit hors des Emirats un bébé qui nait aux UAE et qu’ils se rendent compte qu’il a été conçu hors mariage Monsieur, puis Madame iront en prison, une femme seule enceinte sans mari ne pourra pas rentrer aux UAE…
– On ne peut pas cacher son état de santé car tout visa implique une prise de sang et une radio des poumons, VIH, grossesse et tuberculoses sont recherchés, pas de Visa de travail si l’on est malade.
– Autre schizophrénie, on peut boire de l’alcool, mais chez soi il faut sa licence IV qu’il faut demander à son employeur, si la société est locale c’est compliqué et dépend du bon vouloir du gérant, malgré cela le transport de l’alcool légalement acheté peut poser problème.
– Tout paiement sans argent, en gros les « chèques en bois », est passible de prison plus ou moins longtemps en fonction des sommes et à qui l’argent est dû.
C’est une société très tolérante puisque son économie est tournée et dépend du tourisme. Après il y a quelques codes et comme au Monopoly s’y on ne retient pas la leçon la case Prison revient régulièrement…
Quels sont vos activités sur place en dehors de votre job, votre vie tout simplement sur place ?
Dubaï, c’est la ville de la démesure. La ville n’a qu’une trentaine d’années, les Emirats Arabes Unis fêteront d’ailleurs leurs 45 ans le 2 décembre 2016. La ville s’étend le long de la côte du Golfe Persique dans un ancien désert sur plus de 50 kilomètres sur une dizaine de kilomètres en direction du désert. Elle est desservie par la Sheik Zayed Road une 2 fois huit voies qui bouchent régulièrement, surtout le jeudi soir pour le début du weekend pour nous. On travaille le dimanche ici. Certains, surtout dans les hôtels, n’ont qu’un seul day off par semaine qui est souvent le samedi pour les manager européens.
L’eau du robinet est désalinisée… Il faut la clim’ pour résister aux 50° l’été qui dure de juin à septembre où l’on vit totalement enfermés – ou alors on teste les piscines réfrigérées à 28° contre 35° pour la mer !! Une de mes grosses déception, l’eau devient tellement salée et chaude que c’est désagréable et qu’elle devient poisseuse !
Autre spécificité qui avait axé mon choix, on est à 6-7h de vol de l’Europe et de l’Asie.
Il y a deux centres villes Marina en bord de mer dont la skyline ressemble à South Beach à Miami – en plus haut les tours font 70 à 97 étages d’habitations – et Downtown ou DIFC (Dubai International Financial City) à côté de la Burj Khalifa – la tour la plus haute du monde qui porte le nom du Sheik D’Abu Dhabi qui a sauvé sa construction lors du gros crack de 2008-2009.
Le weekend, quand on est célibataire, on pratique beaucoup d’activités nautiques, c’est une station balnéaire destinée aux touristes du monde entier – pour ma part Paddle et Longe coat, beaucoup font du Kitesurf, ski nautique, ici tout est possible si on paye. Et on brunche entre amis ou balade en mer.
Le weekend on va en boite, en bord de mer dehors sauf l’été. On boit souvent plus que de raison pour décompresser de la semaine – et oui même si c’est un pays musulman dans les bars et les hôtels, l’alcool coule à flot… Parmi les soirées les plus arrosées au champagne c’est à Dubaï que je l’ai vécue.
D’octobre à mars, on va aussi en groupe camper dans le désert, au programme feu de camp, parfois ciné j’ai souvenir d’avoir vu « Les bronzés font du ski » ou concert avec 3000 personnes au milieu du désert omanais, et un ciel étoilé à couper le souffle. Les locaux adorent faire du « dune bashing », en gros faire du roller coaster sur les énormes dunes.
On peut aller aussi à Abu Dhabi c’est à 3/4h de route pour voir la Grande Mosquée, le circuit de F1 qui abrite régulièrement des concerts de groupes ou chanteurs internationaux et se situe à côté des parcs d’attraction de Yas Island…
Surtout, on peut aller en Oman, l’Emirat voisin qui est une pure merveille de la nature peu connue du grand public et les omanais sont d’une gentillesse… – sa tagline n’est vraiment pas volée : « Beauty has an address ». Cela repose du bruit incessant des constructions jour et nuit et du côté survolté de Dubaï.
C’est la plus belle découverte de la région pour moi. Allez en Oman, repose du bruit incessant des constructions jour et nuit, du côté survolté de Dubaï, et l’ironie les omanais viennent souvent s’amuser à Dubaï les weekends.
Au programme, Balade dans des Wadi (escarpement rocheux où coule un ruisseau), dans le grand canyon aussi grand que celui des USA, nuit dans le désert, snorkelling, balade sur un Dowh au milieu de fjord désertique… Une vidéo qui illustre tout ça :
Comment avez-vous procédé pour trouver votre job à Dubaï ?
Le marché de l’emploi est plus compliqué qu’il n’y parait, tout va à la fois plus vite et plus lentement. On décroche très souvent un job uniquement si notre CV est donné par quelqu’un en interne – cela rassure car il y a beaucoup de mytho et de gonflage de CV… Le networking est donc une règle qu’on soit en recherche ou pas – les conférences et soirées sont légions, on peut en faire plusieurs par jour si on veut.
Les candidatures libres via LinkedIn ne servent à rien, les RH croulent sous plus de 1000 cv pour un job. Les philippins ou indiens postulent sur tout même s’ils n’ont pas les compétences requises, une esthéticienne postulera à un poste de directrice communication par exemple…
Le turnover est énorme 6 mois – 1 an, pour 100AED/25E de plus les gens partent, c’est moins vrai pour les occidentaux.
Il n’y a pas de salaire minimum, pas de sécurité sociale les frais médicaux ont des tarifs dignes des US et les médecins poussent à la consommation – je me souviens avoir eu un carnet de voucher parce que je suis passée plusieurs fois pour une grosse bronchite otite, ça m’a fait flipper sur les compétences de la doctoresse.
Certains ont une mutuelle qui a une couverture variable selon l’employeur, pas d’assurance chômage, pas de congés payés pour tout contrat inférieur à 6 mois, un billet aller/retour est offert par l’employeur 1 fois par an pour les cadres, il y a des « allowances » pour participer aux frais d’hébergement, de transport, voiture… bref ici tout est négociable.
Le visa coûte environ 3000AED à l’employeur, un manager peut sponsoriser son conjoint, en-dessous de ce statuts c’est impossible.
Les écoles coûtent une vraie fortune, et ce dès la maternelle plus de 5000 €/an pour la plus simple, environ 15K€ pour l’école primaire sans les activités extra-scolaires qui elles aussi coûtent très chères
Les candidatures libres via LinkedIn ne servent à rien, les RH croulent sous plus de 1000 cv pour un job
Y a t-il des profils particulièrement demandés dans les entreprises Emirates ?
Je dirai plus des juniors car ils coûtent moins cher après c’est toute fonction confondue.
Les seniors de plus de 10 ans d’expérience sont à 95% dépêchés par une société internationale, ils rebondissent en interne ou grâce à leur réseau qu’ils ont pu développer en quelques années.
Les secteurs qui recrutent sont l’hôtellerie / restauration / spa, du cuistot, au chef de rang, manager de Spa, PR pour un hôtel,… dans des très beaux établissements pour les jeunes de ce secteur, c’est une super carte pro tournée à l’international. Généralement l’accommodation est offerte dans les logements appartenant à l’hôtel, potentiellement en coloc avec un autre salarié du même sexe… Pas de coloc mixte sauf avec son frère.
Le retail est/était un très fort secteur pour les manager de boutique, mais depuis la chute du rouble les sociétés du luxe souffrent d’un repli de 20 à 30% de leur chiffre d’affaires dans les malls. Emirates Airlines a augmenté ses rotations sur la Chine et l’Inde mais ils ne consomment pas de la même façon et ne compensent pas le manque de CA.
L’architecture/construction, mais là encore les grands groupes envoient leurs cadres.
Le pétrole offrait beaucoup d’opportunités, la chute du cours du baril fait qu’un certain nombre de mes connaissances a été remercié et le trend ne va pas changer dans les 2 ans à venir. L’enjeu est sur la balance entre la Saudi et l’Iran qui s’ouvre, c’est ultra complexe.
L’aéronautique est porteur avec les 2 plus grosses compagnies aériennes à la croissance ultra rapide Etihad pour Abu Dhabi et Emirates pour Dubaï – et bien sûr Qatar Airways pour l’Emirat du Qatar. De fait Boeing et Airbus sont implantés à Abu Dhabi et Dubaï pour toute la zone Middle East.
La finance et le legal sont assez dominés par les anglais car c’est les lois anglaises qui prévalent. Mais il y a des postes dans des succursales de grands groupes français.
Il y a énormément d’agence de communication/PR, je me demande comment ils survivent, mais cela offre des jobs potentiels plutôt juniors.
Faut-il aller tenter sa chance sur place ou préparer son départ en amont ?
Pour les juniors, je recommande de contacter Business France qui peut les aider à trouver un VIE, le meilleur sésame pour Dubaï, le logement étant alors payé par cet organisme. Et les salaires sont très corrects.
Je pense qu’il faut se préparer en amont et ce n’est pas 2 /3 contacts qui feront l’affaire… Les amis de mes amis vivants à Dubaï sont vos amis.
Pour les seniors avec famille ne venez pas sans contrat, vous serez ruinés avant d’avoir trouvé un job certainement très en deçà de vos espérances, sans compter les frais pour vos familles et le stress qui pèsera sur vous…
Pour ceux entre 3 et 10 ans d’expériences pro seul(e) sans enfant, vérifiez avant de venir les coûts réels de la vie Dubaiote, budgetez 6 à 9 mois de recherche d’emploi – c’est le temps moyen actuellement. Vous vivrez en colocation, seule solution pour être sur le territoire.
Pour les maghrébins, ne pensez pas que ce sera plus facile pour vous parce que vous parlez arabe, pour les Emiratis vous êtes les marseillais des parisiens… Après ils regardent de haut l’ensemble des non émiratis.
Attention, les lois changent du jour au lendemain. Les UAE font partis de l’espace Schengen, il prévoit ou appliquent (selon les postes frontières) la loi des 90 jours sur le territoire et 90 jours hors du territoire, compliquant la recherche d’emploi.
Pour les entrepreneurs voulant créer un business à Dubai, il y a les free zones où vous n’aurez alors pas besoin d’un sponsor, tout y est facilité pour créer sa boite. En revanche trouver ses clients et ses partenaires demande du temps, des cafés échangés pour ne rien dire… Il faut donc que votre société soit déjà florissante par ailleurs pour vous développer ici; un partenaire localement implanté vous fera gagner beaucoup de temps et donc de l’argent.
Globalement suivez les infos sur l’économie mondiale et le cours du baril.
Dubaï a toujours de très nombreux et colossaux mega projets :
– On Hold TBC Coupe du monde de foot au Qatar – impact sur l’hébergement à Dubaï pendant ou après à 1h de vol
– On hold TBC – Mall of the World le projet n’a plus de date de lancement
– 2017 – Le grand canal TBC mall, hotels, 450 restaurants, piste cyclable et habitations… Ils ont déplacé la Sheikh Zayed la 2 fois 8 voies pour la construction en 1 nuit !
– 2018 Dubai Eye 210m (London Eye 135m) – île artificielle avec loisir, appartement, hôtels et boutiques
– 2016 à 2018 Parcs d’attraction
– 2020 Expo Universel
– 2020 Palm Jebel Ali, une nouvelle île artificielle qui existe déjà avec 250.000 accomodations
– 2020 Dubai Waterfront
– 2025 Al Maktoum Airport fully operational – actuellement cargo et Qatar uniquement – ce sera le plus grand aéroport du monde avec 4 pistes versus 2 habituellement il est situé entre Dubaï et Abu Dhabi
Il faut se préparer en amont et ce n’est pas 2 /3 contacts qui feront l’affaire… Les amis de mes amis vivants à Dubai sont vos amis
Comment cela se passe une fois sur place pour le contrat de travail, le mode de travail, etc…
Rien de particulier, tous les documents sont en anglais, sauf ceux des Visa qui sont rédigés en arabe littéraire. Les horaires sont assez classiques 8h/8h30 à 17h/17h30 tous les jours 5 ou 6 jours sur 7. Ces horaires sont réduits de 2h pendant le ramadan. Les heures supplémentaires ne sont pas payées ni récupérées. Il y a 20 jours de congés payés, généralement les gens prennent 3 semaines l’été pour fuir la fournaise.
Tous les signes religieux sont tolérés, de la croix au port du voile ou des temps de prière, aucun problème sur le lieu de travail.
Au niveau du management, y a t’il des différences avec les entreprises françaises ? Comment s’adapter ?
L’encadrement étant quasi exclusivement européen, pas de problème particulier. Mon board était italien, français et indien par exemple, mais ça dépend de chaque société. Les équipes sont vraiment pluri-culturelles, ainsi dans ma société, nous avons plus de 30 nationalités : indien, canadien, russe, libanais, syrien, australien, anglais, south africain, kenyan, soudanais,… Le plus dur est de comprendre l’accent de chacun ! Mais tout le monde est là parce qu’il l’a choisi donc ça se passe plutôt très bien !
J’ai toujours abordé les situations avec bienveillance – je crois foncièrement que chacun donne le meilleur de lui-même et veut que ça marche, un sourire ça coûte pas grand-chose mais ça simplifie beaucoup les choses, et beaucoup de patience. S’énerver ne change rien face aux indiens, ou globalement pour les personnes venant du continent asiatique, au contraire pour eux nous perdons la face – nous avons tous eu des éducations très différentes, et ce qui nous semble évident ne l’est pas pour eux.
Qu’est ce qui vous a posé problème au cours de cette expatriation avec recul ?
J’ai sous-estimé mon temps d’adaptation – en réalité il faut toujours 6 mois pour commencer à avoir une bonne appréhension de son nouvel environnement.. Dubaï est une ville grouillante et pourtant au début tout le monde se sent très seul et isolé. Et en recherche d’emploi ça complique la donne…
J’ai sous-estimé mon temps d’adaptation – en vrai il faut toujours 6 mois
Quand on a gouté à l’expatriation, peu-ton revenir en France ?
Je me sens tellement différente, grandie. Je ne supporte pas l’idée qu’en France on étiquette les gens et qu’on les fasse rentrer de gréer ou de force dans une boîte pour se rassurer. L’expatriation apprend à gérer sa solitude, on se rend compte de tout ce qu’on est capable… Alors rentrer dans une petite boîte c’est se couper les ailes, impossible.
Qu’en est-il de l’écosystème français sur place ?
En janvier il y avait environ 26.000 français officiellement inscrits au consulat. Je pense que nous sommes actuellement entre 30 et 35.000, la population croit vite, du fait de la crise en Europe, les populations italiennes et espagnoles croissent encore plus vite.
A titre de comparaison à la même époque il y avait 1 million d’indiens, 130.000 anglais, 80.000 américains à peu près autant de Canadiens… Les Westerns représentent 9% des expats à peu près autant que les locaux. Moyenne d’âge 33 ans.
Il y a 2 pages Facebook francophones incontournables pour tous les trucs et astuces : du médecin francophone, à la robe que je revends, comment je fais mon visa, ou l’alerte à la pluie, la tempête de sable, et comment rester connecté avec la France, trouver du fromage, des restos :
– Ze French in Dubaï
– Les Nouveaux aventuriers à Dubaï
Autres sites utiles :
– French Business Council – Chambre de commerce est très actif – ils organisent des séjours pour les entreprises
– Femmexpat
– UFE – Union des Français de l’Étranger / et version Avenir pour les juniors
– Expat Woman – anglophone mais top pour les coffee morning et autres rdv de sociabilisation
– Réseau de chaque école de commerce et d’ingénieur