En cette fin d’année 2015 qui plus que jamais a secoué nos convictions, nos valeurs et notre vie pour certains d’entre nous, il est peut-être temps de profiter de ces fêtes de noël pour revenir à un peu plus de sens et d’essentiel.
Chaque année noël c’est la course aux cadeaux, avec des milliers de personnes à la recherche du cadeau parfait pour tata Gertrude dont on ne connait pas les goûts puisqu’on ne la voit qu’une fois par an, et le beau-frère Jojo qui n’aime rien et pour qui une boite de Quality Street maxi format suffira bien. Il suffit de se rendre dans les magasins parisiens, un samedi – ou dimanche depuis l’ouverture autorisée en zone touristique- pour être pris de vertiges devant cette foule déambulant frénétiquement, comme habitée par la pression de la recherche du bon nombre de cadeaux, tout en ne dépassant pas son budget, mais en offrant quelque chose qui donnera l’illusion d’avoir rempli le rôle que cette fête attend de nous depuis bien longtemps. Il n’est pas question de se faire plaisir en cherchant la petite attention qui ravira chacun de ses proches mais bien d’avoir “enfin terminé” cette tâche ingrate qui consiste à avoir l’esprit tranquille de n’avoir oublié personne sans s’être ruiné. Il ne reste qu’à espérer que chaque destinataire ne fera pas une grimace en ouvrant son paquet et que les vôtres seront aussi ce que vous avez demandé au père-noël.
Si faire des cadeaux à ses proches pour noël est une corvée, pourquoi se forcer à le faire ? Pour ne pas être rayé de la succession dans quelques années ? Pour accomplir son devoir ? Pour avoir la conscience tranquille ? Et si vous vous posiez la question de ce que signifie cette fête pour vous ? Être ensemble, avec des gens qu’on aime, et pas par obligation. Offrir des petits présents qui feront vraiment plaisir, même si c’est trois fois rien, ou pourquoi pas simplement participer à l’organisation de la fête en faisant des biscuits de noël ou des décorations de table. Il n’y a pas besoin de s’échanger des montagnes de paquets cadeaux pour avoir l’impression de fêter noël.
C’est sans oublier le repas du soir du réveillon de noël, et du 31 qui est quant à lui encore pire. Il n’est pas rare d’entendre dire autour de soi dès le 21 décembre “je ne mange rien car on va encore s’empiffrer pendant les fêtes”. Une phrase choquante quand on sait que des millions de gens n’auront pas plus dans leur assiette ces soirs là… A quoi bon ingurgiter des tonnes de foie gras, saumons fumés, homards, bûches crémeuses non pas pour se faire plaisir, mais parce que ce sont les fêtes de fin d’année et que c’est ce qu’il faut manger selon la société qui nous entoure ? Une soirée pizza/bûche de noël faite maison en famille, c’est cool aussi, non ? Tout le monde apprécie, personne ne passe sa journée et sa soirée en cuisine, sauf avec les enfants pour réaliser la bûche dans la joie et la bonne humeur, aucun risque de “crise de foie” coupable de lendemain de fête.
Noël est depuis longtemps devenu une fête commerciale, et d’un côté tant mieux car c’est bon pour l’économie, mais parfois il serait bon de se rappeler l’esprit de Noël avec ses valeurs de partage, d’être ensemble, de joie, d’espoir, de paix. C’est peut-être d’ailleurs le moment, et encore plus en cette fin d’année 2015, de se poser des questions essentielles sur ce qu’on veut vraiment, de mettre fin à ces faux-semblants qu’on vit depuis des années, à rechercher où on veut aller, à quelle vie on aspire pour cette nouvelle année. Peut-être loin de cette hyper-consommation, dont noël traduit l’absurdité, mais qui est présente toute l’année, qui tue la planète et les humains à petit feu loin de chez nous, pendant que nous déchirons avec avidité des papiers-cadeaux qui iront encore un peu plus abimer l’environnement.