A quelques jours du coup d’envoi des achats de noël, période la plus fastueuse pour le commerce, les attentats qui ont frappé Paris vendredi, ainsi que l’État d’Urgence en vigueur et les assauts à la recherche de terroristes sont un coup dur pour les entrepreneurs français qui réalisent pour certains d’entre eux, 50% de leur chiffre d’affaire sur cette saison.
“Nous sommes entrés dans une nouvelle phase” de croissance, assurait avant le week-end le ministre des Finances Michel Sapin, annonçant une hausse du PIB “d’au moins 1,1%” en 2015 et de “1,5%” en 2016. Une lueur d’espoir qui pourrait être stoppée net, alors que la France peine à remonter la pente depuis la crise économique de 2008. Tout dépendra des réactions des français qui cèderont ou non à la peur, en désertant les magasins. A première vue, même si samedi la plupart des commerces sont restés fermés sur Paris et en région parisienne, en état de choc, même les grands magasins de BD Haussmann, du jamais vu un samedi 1 mois et demi avant noël, les parisiens notamment, semblent prêts à continuer à vivre normalement, et ce très rapidement. Pour preuve, les marchés de noël ne seront pas annulés.
Après les attentats de janvier, le ministère de l’Économie avait évoqué à l’époque une baisse des chiffres d’affaires des magasins de 10 % et de 18 % pour les grandes surfaces en région parisienne, en pleine période soldes. Les entrepreneurs craignaient alors un ralentissement de la consommation et pourtant l’économie a enregistré au final, une hausse de 0,7% de la croissance. Pourtant cette fois-ci, avec les attentats les plus meurtriers perpétués sur le sol français, les cartes pourraient être redistribuées, car autant il y a quelques mois les attaques touchaient des cibles et des lieux bien précis, autant aujourd’hui tout le monde est une cible et la peur qui a suivi la torpeur est bien réelle, malgré tout. Le doute s’est aussi installé quant à la protection que les services de sécurité assurent dans les lieux publics, les magasins, les transports et les lieux de divertissement. Le ecommerce pourrait donc, quant à lui, en profiter.
Les investisseurs, même si cela n’est pas toujours corrélé à la macro-économie, semblent parie, pour leur part, sur la résistance de l’économie française face à ce drame, puisque les indices boursiers n’ont pas dévissé en ouverture lundi et se sont même maintenus toute la journée, jusqu’à une hausse de 2% en milieu de journée mardi, même si certains secteurs ont été malmenés comme le luxe, les transports et le tourisme.
Si personne n’a la tête à faire ses emplettes de noël, c’est bel et bien justement le secteur du tourisme (plus de 8% du PIB) qui risque d’être impacté ces prochaines semaines. Les professionnels du secteur annoncent déjà un taux d’annulation de 50% pour le mois de novembre. Mais selon eux, cet impact sera de courte durée et les réservations pourraient repartir de plus belle dans une forme de tourisme militant. D’ailleurs les patrons de bars et restaurants parisiens ont déjà réagi en organisant l’opération “Tous au bistrot” mardi soir pour rendre hommage aux victimes des attentats et soutenir les professionnels de la restauration et de l’entertainment, mortellement ciblés.
Pour le monde la culture et du spectacle, c’est autre chose. Entre les fermetures de musées et reports d’évènements, c’est toute une profession qui est dans l’incertitude quant à son avenir, les assurances ne prenant généralement pas en charge les annulations pour attentat et les mesures de sécurité devant être renforcés, à leur charge. La ministre de la Culture, Fleur Pellerin, envisage la création d’un fond de plusieurs millions d’euros destiné à assurer la pérennité de petites salles de concert et musées privés face à de lourdes pertes économiques suite aux annulations. Mardi soir de nombreuses salles ont toutefois assuré leur programmation, après un hommage rendu aux victimes, comme la Philarmonie de Paris, le Zénith, l’Opéra Garnier…
Selon le prix Nobel d’économie Gary Becker, après des attentats d’une telle ampleur, deux réactions sont observées : le sursaut national ou la psychose. Au lendemain du 11 septembre 2001, l’économie avait connu un boom, suite à élan sans précédant des américains et on peut espérer la même chose en France. Tout dépendra des mesures prises par le gouvernement pour assurer la protection des citoyens et lutter contre les terroristes encore en fuite et en devenir. Les mesures ont été fortement renforcées dans tous les centres commerciaux et lieux accueillant du public pour rassurer les consommateurs.
Dans ce contexte, les milieux économiques appellent à faire de même que la société dans son ensemble : ne pas renoncer à son mode de vie et continuer à travailler comme d’habitude. Les premiers chiffres devraient tomber ces prochains jours.