On rêve tous de réaliser un défi un jour où l’autre : courir un marathon, faire un tour du monde, ouvrir un restaurant les pieds dans l’eau en Polynésie, ou faire un saut en parachute. La plupart d’entre nous ne les réaliserons jamais, faute de temps, d’argent, mais surtout de motivation… Fort heureusement certains se fixent un challenge, une date pour le réaliser, réunissent les conditions nécessaires à sa mise en place, s’entrainent, se préparent, gardent leurs objectifs en ligne de mire quoi qu’il arrive (une pandémie par exemple !) et le font. Pour leur plus grande satisfaction, mais aussi celle de ceux qui suivent leurs exploits à distance.
C’est ainsi que Frank Billard, grand sportif amateur et maire-adjoint à la vie culturelle de Chelles en Seine et Marne s’est lancé le défi de relier notre ville à sa sœur jumelle, Lindau, à vélo, seul, sans assistance. Lindau est jumelée à Chelles depuis 1964, à l’initiative de la section des prisonniers de guerre chellois qui réalise déjà des rencontres entre anciens combattants dès 1962. En 2019 nous avons célébré les 55 ans de cet évènement et c’est à cette occasion que l’idée de Frank a germé dans son esprit.
De retour à Chelles, après 920km parcourus en 9 jours, dont une bonne partie sous la pluie battante qui a frappé l’est de la France et l’Allemagne (!), il nous en dit plus sur ce véritable challenge à la fois personnel, écologique et sportif qui a permis de mettre en valeur nos deux villes unies depuis si longtemps ainsi que la pratique du slow tourisme à vélo.
Comment t’es venue l’idée de relier Chelles à Lindau à vélo ?
C’est un défi que je me suis lancé en 2019 lors des festivités à Chelles liées à l’anniversaire des 55 ans du jumelage Chelles-Lindau. Un des élus de Lindau féru de vélo a relié Lindau à Chelles à cette occasion. Devant les “officiels” de Chelles et de Lindau, ainsi que devant le comité de jumelage, je me suis promis de réaliser le même défi sportif et écologique mais dans le sens inverse. Avec comme impératif de le faire dans les 3 ans. Pari tenu !
Qu’est ce que cela représente pour Chelles et Lindau ?
Une vitalité des élus de chaque côté du Rhin dans le rapport amical et dans les échanges entre nos deux villes, mais aussi éveiller un sentiment écologique concernant les différents modes de transport et de déplacement.
Y avait-il un objectif plutôt personnel ou un intérêt pour l’écologie comme mettre en avant les moyens de transport verts ou le comité de jumelage ?
Ce défi avait plusieurs objectifs. Tout d’abord personnel : être capable d’accomplir ce challenge sportif seul et sans assistance. Ensuite, un intérêt écologique par rapport à la promotion de la pratique du vélo au quotidien pour se déplacer, mais aussi pour promouvoir la création de pistes cyclables sécurisées.
Promouvoir également la pratique du “slow tourism” à vélo, une forme de tourisme plus respectueux de l’environnement, faible en émission de CO2.
Et pour finir, créer un évènement lié au Comité de jumelage alors que la période actuelle liée à la Covid a annulé la totalité, depuis presque 2 ans, de nos échanges scolaires, culturels et sportifs avec nos amis de Lindau.
As-tu été soutenu par Chelles et/ou Lindau pour la préparation ainsi que le chemin à parcourir ?
J’ai été soutenu dans ce projet par le Comité de jumelage. J’ai préparé moi-même mon projet et mon parcours.
Comment as-tu été reçu au cours des étapes? Avais-tu tout préparé à l’avance, notamment pour dormir, manger, les routes à emprunter… Qu’as-tu privilégié ?
Étant seul et sans assistance, j’ai dormi dans des hôtels ou des auberges de jeunesse que j’avais réservés à l’avance. J’ai cherché des hôtels à réserver dans les villes étapes que j’avais identifiées à l’avance.
Chaque étape devait avoir une distance approximative de 100 km. A partir de là j’ai conçu un itinéraire passant par des villes de taille moyenne en empruntant au maximum des petites routes ou des voies vertes (lorsqu’elles existent).
Je me suis contraint également à passer au Nord des Vosges et au Sud de la Forêt Noire pour m’éviter de franchir des cols. Cela a allongé mon parcours, mais c’était plus raisonnable en terme de difficulté de dénivelé.
Es-tu sportif à la base, as-tu suivi un entrainement particulier ? Qu’avais-tu mis dans tes bagages ?
Je suis plutôt sportif, je pratique en amateur la course à pied.
J’ai mis dans mes bagages le minimum. Mais déjà cela faisait beaucoup à transporter.
Qu’est ce qui a été difficile au cours de ces journées ? Etais-tu relié à une assistance au cas où ? Ou bien suivi à distance ?
Les journées les plus difficiles ont été celles effectuées sous les fortes averses de pluie, et plus particulièrement celle de l’étape Colmar – Rheinfelden.
En cas de gros pépin physique ou mécanique, mon téléphone était mon assistance en dernier recours.
On sent un véritable engouement pour les déplacements à vélo depuis plus d’un an, penses-tu que cela puisse être pérenne et pas simplement une mode liée à la pandémie, et l’envie de changement ?
Je pense que les déplacements à vélo ne sont pas une mode. Il s’agit juste d’un rattrapage en France de cette pratique par rapport à d’autres pays européens, comme l’Allemagne, la Suisse, la Belgique ou les Pays-Bas. Et les vélos à assistance électrique vont y contribuer.
Qu’est ce que les villes peuvent faire actuellement pour favoriser les déplacements à vélo, à la fois au quotidien et pour les vacances ?
Les villes doivent avant tout travailler sur la signalétique des voies pouvant être cyclables. Cette signalétique doit être aussi bien faite par des panneaux, que par du marquage au sol.
As-tu pu observer sur ton chemin des initiatives qui vont en ce sens et que vous pourrez appliquer à Chelles ?
Oui je pense qu’à Chelles nous devons penser à un marquage plus visible au sol comme j’ai pu en voir en Suisse et en Allemagne.
Qu’est ce qui t’a marqué ou touché au long de ce voyage ?
Des sons, comme les grains de blé qui craquent au soleil ; le chant des oiseaux lors de la traversée des forêts ; le bruit des éoliennes ; le bruit de la pluie. Des odeurs de fleurs de tilleuls, de pluie sur la végétation, mais aussi de lisier de vaches (moins agréable). Et des paysages champenois et lorrains avec de superbes ciels, mais aussi les chutes du Rhin à Schaffhouse (les plus hautes d’Europe) et l’arrivée au Lac de Constance.
Maintenant que tu as entrepris ce voyage, vous allez le proposer aux chellois sous forme de Tour Operator ? 🙂
A voir !
Des conseils pour celles et ceux, notamment les familles, qui voudraient entreprendre un tel périple ?
3 conseils : prévoir un bon équipement, des vêtements adaptés à la météo, et des étapes conformes à ses capacités physiques.
Quel est ton prochain défi ?
Courir l’Oxy’trail !