Entreprendre dans un domaine industriel n’est pas forcément la première idée qu’on peut avoir lorsqu’on cherche une idée de business. La faute à l’absence de “rôle-modèle” dans ces secteurs certainement, ainsi qu’à l’absence médiatique… Et pourtant le secteur industriel, mal connu offre de belles opportunités que certains saisissent avec succès et passion. Comme Benoit Duteil, fondateur de Kaliteo, une entreprise qui intervient dans le traitement de l’eau en milieu industriel, depuis 2006, et qui s’ouvre à la franchise cette année. Benoit nous en dit plus sur son parcours :
Pouvez-vous nous raconter votre parcours qui vous a mené à l’entrepreneuriat ?
J’ai 40 ans, père de famille investi (4 enfants), relativement réfractaire au système scolaire français, j’ai surtout développer mes compétences en autodidacte.
J’ai démarré mon activité pro dans le traitement de l’eau en 2000 et suis tout de suite allé me frotter à des challenges que beaucoup trouvaient trop élevés pour un jeune… J’ai vécu 6 années en tant que salarié très intenses puis j’ai décidé de créer un projet dans le traitement de l’eau, orienté vers le service dans le milieu industriel en 2006.
Un démarrage local (Vaucluse) où il a fallu gagner la confiance de quelques responsables d’usine pour des prestations ponctuelles, puis des contrats de maintenance et de plus en plus d’ingénierie pour de la conception d’installations clés en mains. Le secteur géographique s’est également agrandi puisque nous couvrons aujourd’hui toute la France et avons une belle activité à l’export (Maroc, Tunisie, Cameroun, Côte d’Ivoire, Djibouti, Pologne, Espagne).
Aujourd’hui, je prépare la création d’un réseau de franchise dont le démarrage est prévu pour 2018 qui s’accompagnera de la création d’une deuxième entité dont l’objectif sera de conquérir un marché de niche dans l’eau
Qu’est ce qui vous a poussé à créer cette franchise ?
Kalitéo a construit son image sur la qualité du service, ce qui sous-entend une réactivité optimale. Il nous faut donc une présence terrain importante qui est compliquée à mettre en place en interne. Nous fonctionnons déjà beaucoup par partenariat et avons décidé de formaliser un peu la méthode, ce qui sera profitable pour tous les acteurs du projet. Il y a un véritable échange entre Kalitéo et les futurs franchisés.
Qu’est ce que cela va apporter au développement de votre entreprise ?
Cela va nous apporter une présence plus importante sur le terrain et donc un optimisation des coûts de fonctionnement. Nous pourrons répondre plus facilement à des sollicitations que, pour cause d’éloignement, nous refusions jusqu’ici et donc générer du CA. Nous cherchons un effet de levier.
Et à vous-même personnellement ?
Cela m’apporte une certaine sérénité quant à l’implication des agents de terrain puisqu’il s’agit avant tout de faire fructifier leur business. Sauf incompatibilité d’humeur, nous avons forcément les mêmes objectifs.
Selon vous, toute entreprise a t-elle vocation à grandir sans cesse, année après année ?
Pour ma part, oui. Mais cela est vraiment une question de vision, de projet. Certaines personnes se “mettent à leur compte” uniquement pour une question d’indépendance, d’autres entreprennent et créent un projet collectif à long terme. C’est une différence fondamentale dont je trouve d’ailleurs qu’il est essentiel de savoir dans quelle catégorie on se trouve dès que l’idée germe.
Certaines personnes se “mettent à leur compte” uniquement pour une question d’indépendance, d’autres entreprennent et créent un projet collectif à long terme
Qu’est ce qui vous parait primordial pour réussir a croissance de son entreprise ?
Pour moi, ce qui est primordial pour réussir la croissance de son entreprise, c’est d’avoir une vision au minimum à moyen terme, ce qui permet de définir des stratégies dans chaque domaine du quotidien de la structure. Il faut également avoir l’envie d’avancer, d’investir et parfois de prendre des risques.
Avez-vous des salariés ? Pourquoi et avec quels retours ?
Oui, 2 personnes. Nous avons été beaucoup plus nombreux, mais avons connu de très gros soucis de recrutement qui ont mis en péril la structure. Il a donc fallu repenser tout notre fonctionnement de A à Z pour compenser les pertes au plus vite. Sinon, les retours ont été très bons, mais aujourd’hui, nous avons une formule qui fonctionne très très bien et je ne veux plus prendre le risque d’échec en développement interne. Nous avons donc choisi l’option Franchise, les prochains recrutements Kalitéo seront pour des postes sédentaires qui animeront ce réseau.
Peu d’entrepreneurs font le choix d’embaucher aujourd’hui, ou préfèrent s’entourer de prestataires et free lance. Qu’en pensez-vous après plus de 10 ans en tant que chef d’entreprise ?
Je crois que tout est dit plus haut. Nous avons tous besoin d’embaucher, mais la part de risque est trop énorme et malheureusement, je ne suis pas un cas isolé, ce qui m’a sauvé est d’avoir une activité qui marche bien et une très bonne gestion des marges…et surtout de bons rapports avec mes partenaires (fournisseurs, banque) qui m’ont fait confiance au cours de cette période.
Nous avons tous besoin d’embaucher, mais la part de risque est trop énorme
Vous êtes en train de créer un second projet, très éloigné du premier, pourquoi ?
En parallèle, je crée une startup BUSKING dans le domaine de la musique; n’étant pas du digital, j’ai tout à découvrir et j’essaie de me donner la possibilité d’avoir un maximum de compétences autour de moi. Ce projet part du constat que, pour de multiples raisons pros et perso, en France, sur 11M de personnes sachant jouer d’un instrument de musique, seulement 2.5M pratiquent régulièrement. J’en suis un bon exemple, avec mon emploi du temps surchargé et ma famille, impossible de s’engager dans un quelconque projet musical ou autre d’ailleurs !
L’application Busking va permettre très facilement d’organiser ou participer à des boeufs (rencontres musicales) éphémères selon nos envies et nos dispos. Fini l’ennui de jouer seul chez soi, on clique, on rencontre du monde et on partage nos cultures, tout cela à travers des moments musicaux uniques, juste pour le plaisir et les vibrations.
Cela s’est fait sans objectif particulier, il ne se passe pas un mois sans que j’ai un projet qui sorte de mon observation du quotidien un petit peu dans tous les domaines… Celui-ci me touche plus particulièrement car je suis directement concerné par le problème social autour de la musique.
Il ne se passe pas un mois sans que j’ai un projet qui sorte de mon observation du quotidien un petit peu dans tous les domaines
Quelles sont vos motivations ?
L’envie de changer les choses, bien avant le digital, Kalitéo était dans l’esprit d’une startup, casser les codes, amener un service nouveau, des technologies nouvelles, je fonctionne toujours sur ce modèle, même dans ma vie privée. Alors permettre aux gens de sortir de chez eux pour rencontrer des inconnus avec qui ils vont partager des moments simples et uniques autour de la musique, sans engagement, en toute liberté, c’est un sacré moteur !
Pourquoi se lancer dans l’économie collaborative ?
Quand l’idée m’est venue, il y a 6 mois, je n’y ai pas réfléchi, l’idéal seul m’a suffi pour démarrer, le modèle économique s’est ensuite forcément imposé pour un projet comme celui-ci.
Comment voyez-vous l’avenir de cette forme moderne d’économie ?
Je pense que cette forme d’économie va avoir tendance à se développer très fort, les gens sont sensibles à tous les modes de fonctionnement qui sortent du modèle classique dont on peut dire qu’il est mal vécu par la plupart. Et les bouleversements avec l’arrivée des monnaies virtuelles vont être considérables.
Quelle est votre définition de la réussite ?
La réussite, c’est tout simplement se sentir bien dans sa vie, faire ses choix, prendre ses décisions et accepter les conséquences… le choix a été fait car il était le meilleur, même si le résultat n’est pas à la hauteur. Chacun doit trouver son équilibre où il le souhaite et ne pas envier les autres.
La réussite, c’est tout simplement se sentir bien dans sa vie, faire ses choix, prendre ses décisions et accepter les conséquences
Quel est votre moteur au quotidien, qui vous fait vous lever et avancer chaque matin ?
La passion, l’envie de créer, d’amener des choses dans la vie des gens que je croise.
Qu’avez vous sacrifié dans votre vie pour réussir ?
Je ne considère pas avoir fait de sacrifices, j’ai toujours essayé de prendre soin de ma vie personnelle, même si j’ai connu un divorce, même s’il a été justifié par le fait que je travaillais beaucoup (phase de démarrage d’entreprise…), il serait peut-être arrivé de toute façon. Aujourd’hui, je travaille énormément, mais je pose mes enfants au moins 3 jours par semaine à l’école et je suis là quasiment tous les soirs. Je fais à manger, je m’occupe d’eux, je suis certainement beaucoup plus présent et participatif que beaucoup.
Si c’était à refaire, vous recommenceriez ?
Oui, sans aucune hésitation!!
Vous feriez différemment ?
Non, mon parcours est le fruit de ce que j’ai fait et il me donne tellement de joies au quotidien…
Pensez-vous que ce soit plus facile aujourd’hui d’entreprendre qu’il y a 10 ans ?
Je pense que ce n’est ni plus dur, ni moins dur, le plus important est l’implication que l’on y met.
Quel conseil donneriez-vous à un futur entrepreneur ?
Pendant que tu mûris ton projet, si chaque jour tu hésites à choisir des directions, si chaque jour tu te demandes si ce que tu avais choisis la veille était vraiment la bonne décision, si tu as constamment peur de te tromper, n’y va pas. Si tu as une énorme volonté d’avancer en ayant confiance en ta capacité à rebondir avec humilité et à te remettre en question pour faire mieux demain, fonce!!