Après le mea culpa de son échec écrit noir sur Medium de l’été dernier, il semble que cette fin d’année soit la tribune dirigée contre les banques qui ne comprennent rien à l’entrepreneuriat et pire, aux startupers. Car c’est bien connu, quand on échoue, ce n’est jamais de sa faute, mais celle des investisseurs ou des banques qui n’ont pas assez donné d’argent, de lignes de crédit, de découvert autorisé, alors que l’entreprise était promise à un bel avenir. Les méchants. Ce sont eux qui ruinent les entrepreneurs et qui les mettent sur le carreau. C’est rarement une mauvaise idée de business, un modèle économique non viable, des erreurs de gestion ou une association bancale. Effectivement cela écornerait le mythe de l’entrepreneur, ce chevalier des temps modernes qui se bat contre le système et qui a le mérite de se lancer quand tant d’autres sont voués à une vie terne et pauvre de salarié.
C’est assez fou de réaliser qu’on a beau se couper du microcosme entrepreneurial français pendant un moment et finalement retrouver les mêmes doléances année après année, quelque soit la conjoncture économique et politique. Comme si un tapis rouge devait être déroulé pour tous ceux qui osent se lancer dans l’entrepreneuriat, tels des héros. Les entrepreneurs accusent alternativement les banques, le RSI, les business angels, l’État, mais au final, l’entrepreneur reste un éternel incompris de tous ceux qui veulent l’empêcher de réussir, alors que ce sont les entrepreneurs qui vont changer le monde comme les médias aiment à le répéter. Parce qu’il s’agit bien de cela au final “si j’avais levé 5 millions de plus, on n’aurait pu jouer dans la même cour que xxx”, ou bien “si ma banque m’avait accordé un découvert supplémentaire de 100 000€, j’aurais sauvé ma boite”. Avec des si on peut faire plein de choses… Mais comment en sont ils arrivés là ? C’est LA question que les entrepreneurs ne se posent pas, ou peut-être plus tard, sans en parler nulle part, par honte d’avouer un échec et d’en être responsable à 100% ou presque. Certes il y a les aléas de la vie, mais ils comptent assez peu au final, car on peut toujours trouver une solution.
Qu’on soit entrepreneur ou pas d’ailleurs, il est pourtant clair que rejeter la responsabilité de ses erreurs sur les autres ne fait pas avancer, et conduit à un enfermement, une répétition en boucle et une spirale d’échecs. Lever plus de fonds ne permettra jamais à une mauvaise idée de se transformer en succès. Une bonne idée de business ne décollera jamais si l’équipe n’est pas performante. Un 52ème startup de food delivery ne concurrencera jamais Deliveroo ou Foodora. Une market place de niche ne fera jamais de concurrence à Amazon, etc…
Tout le monde peut se lancer et devenir entrepreneur, mais attention à bien poser les bases de son projet et surtout écouter ceux qui sont passés par là avant. Il n’y a que l’expérience qui compte. Ce n’est pas par jalousie qu’un entrepreneur de la vieille école vous conseillera de revoir votre business model, ou par incompréhension du milieu startup qu’un investisseur vous conseillera de revenir le voir quand vous aurez déjà un chiffre d’affaires et de véritables clients. Votre banquier ne vous déteste pas quand il vous informe que vous avez atteint la limite de votre découvert autorisé et qu’il ne vous suivra plus. Ces gens là que vous accusez, pensent d’une part à leurs intérêt, c’est vrai, mais aussi à leur expérience. S’ils vous voient faire les mêmes erreurs que eux ou leurs clients ont fait auparavant, vous devriez les écouter plutôt que continuer tête baissée, jusqu’à la prochaine sortie : le tribunal de commerce. C’est une réalité, il ne faut pas l’oublier, et surtout pas une partie de plaisir comme certains peuvent le dire sur Medium… Vous n’en sortirez pas indemne. Encore pire si vous ne vous remettez pas en cause. Vous pourrez accuser tous les rapaces de la liquidation de vous mettre plus bas que terre et l’Etat de ne pas aider les entrepreneurs, mais le ressentiment que vous aurez ne vous fera pas progresser, aussi bien sur le plan professionnel que personnel.
Alors arrêter d’accuser les autres, et réfléchissez au moment où vous avez planté votre boite, CE moment fatidique où tout s’est enchainé, il y en a toujours un. Parfois c’est dès le départ, ou lors d’une hypercroissance, ou autre. Mais c’est vous seul, le chef d’entreprise qui êtes responsable de ce qui vous arrive, pas votre banque, votre comptable ou votre associé. Une fois que vous aurez fait tout ce cheminement, vous verrez plus clair et serez prêt à repartir sur une nouvelle aventure de façon plus sereine. Vous ne changerez peut-être pas le monde avec votre nouvelle petite entreprise, mais au moins vous en vivrez, serez heureux et fier du travail accompli.