Certains deviennent slasheurs par obligation, d’autres par goût du challenge. C’est par ennui et défi que Geoffrey B. a créé Ça va Barber, une marque d’huiles pour les barbes, en plus de son activité d’analyste programmeur, il y a près d’un an. Une multi-activités choisie, mixée entre salariat et entrepreneuriat qui lui permet d’apprendre dans différents domaines qu’il n’aurait pas pu toucher en restant dans son job initial. Un emploi du temps chargé, qu’il n’échangerait pour rien au monde, même s’il vient de passer à mi-temps dans son entreprise, pour lui permettre de consacrer plus de temps à l’élaboration de nouveaux produits et trouver plus de distributeurs.
Geoffrey nous en dit plus :
Qui êtes-vous ? Que faites-vous ?
Je suis Geoffrey, j’ai 26 ans et j’habite à Lyon. J’ai crée “ça va barber !” mi-2015. J’ai monté ça à coté de mon boulot d’analyste/programmeur en informatique car ça ne me plaisait plus tellement… !
Je fabrique des huiles pour barbe dans un petit laboratoire en plein centre de Lyon. Pour le moment, je n’en ai que 3, mais d’autres vont bientôt arriver, ainsi que des brosses à barbes, des baumes, de la cire à moustache, du savon pour le corps, du shampoing solide cheveux/barbes etc.
Le site a été mis en ligne en juillet 2015, et depuis, les commandes vont bon train, les boutiques aussi, et les barbus satisfaits encore plus !
J’ai plein d’idées, mais je me différencie de mes concurrents car je fais tout moi même (avec mes mains et ma barbe !), et je bosse sous la surveillance d’un docteur en pharmacie qui doit valider mes formules avant commercialisation.
Le process de validation est assez long et laborieux, mais je commence à bien gérer, et j’espère adopter un rythme assez constant de sortie de produits.
Chose cool : je viens tout juste de passer à temps partiel dans ma boite, ceci afin de me libérer du temps pour sortir un peu la tête de l’huile car mes journées commençaient à être vraiment très très longues !
Je me différencie de mes concurrents car je fais tout moi même
Pourquoi avez-vous besoin ou l’envie d’avoir plusieurs activités professionnelles ?
Mon boulot à plein temps commençait à m’ennuyer un petit peu. De plus, j’ai toujours voulu travailler dans la com’, mais je n’avais pas le diplôme adéquat pour les employeurs, ni d’expérience. Ces deux points ont fait que je me suis lancé dans l’aventure : m’évader un peu de la routine et me permettre d’enrichir mon CV, et de pouvoir dire “je n’ai aucune formation en communication/marketing, mais j’ai quand même fait ça, de A à Z !”
Qu’est ce qui vous motive au quotidien ?
Le retour des clients et des gens en général, que ce soit par mail, message privé, photos sur instagram ou tout simplement par les retours boutiques, je me dis que les gens sont contents et donc moi aussi.
Forcément, le tout petit revenu que je dégage de cette nouvelle activité, qui me permet de faire des cadeaux à mes proches (et à moi même)…
C’est quoi votre définition de la réussite ?
C’est d’être fier de ce que je fais, continuer à créer des projets où je m’éclate, sans compter les heures et qui me permette de rencontrer des gens géniaux.
Qu’avez vous sacrifié pour tout gérer ?
Les sorties avec les amis, mes soirées jeux vidéo/séries mais j’ai tenté de ne pas délaisser ma copine, ma famille et mes amis les plus proches. Ils viennent souvent me donner un coup de main. (une pierre, deux coups !)
Quel genre d’entrepreneur êtes-vous ?
Je suis du genre “à la cool” mais très bien organisé et les personnes que je rencontre le sentent bien.
Ils sentent que je suis passionné, que ça m’éclate, et que je ne fais pas ça pour l’argent.
Je suis aussi très stressé, et je pense que c’est normal quand on a un bébé à faire grandir (je stresse déjà d’autant plus pour le vrai !).
Auriez-vous créé votre entreprise en association ?
Non, car le but était de faire ce que je voulais, avec ma patte et mon empreinte. Il aurait été difficile de trouver quelqu’un qui m’aurait suivi dans toutes mes idées farfelues. Maintenant, je réfléchis à faire entrer une personne, mais ce n’est pas pour tout de suite.
Il aurait été difficile de trouver quelqu’un qui m’aurait suivi dans toutes mes idées farfelues
Comment ressentez-vous le regard des autres et de la société sur votre multi-activités ?
En général, les gens sont admiratifs, et disent que ce doit être difficile. On pense souvent que j’ai fait ça uniquement pour quitter mon job à plein temps, mais c’est faux. Pourquoi ne pourrait-on pas concilier les deux ? Mon souhait serait de faire du mi-temps, mais pas tout lâcher pour ça. En effet, depuis que j’ai mon autre activité, mon regard a changé sur mon autre job, et je pense avoir trouvé l’équilibre qu’il me fallait.
Avez-vous toujours été ainsi à mener plusieurs activités de front ?
Non du tout, ça m’est venu avec l’âge.
Vous pensez-vous expert dans l’une de vos activités plus qu’une autre ?
Absolument pas ! J’apprends encore chaque jour, que ce soit dans l’ingénierie informatique, dans le marketing, dans la communication, dans la comptabilité ou dans les huiles essentielles.
Je préfère être touche à tout, qu’expert dans un domaine.
Je préfère être touche à tout, qu’expert dans un domaine
Vous verriez-vous vous spécialiser sur une seule de vos activités ? Pourquoi ?
Pour le moment non. L’avenir me dira si mon aventure avec “Ça va barber !” nécessite une implication à 100%. J’aime cet équilibre, qui me rassure. D’un coté, le salaire qui tombe chaque mois, des horaires fixes, des collègues et des pauses cafés. De l’autre, l’aventure, courir pour faire des livraisons, les rendez-vous avec des boutiques, des clients, des futurs partenaires, la créativité.
J’aime et je veux garder cet équilibre pour le moment.
Avez-vous tenté de lutter contre votre multi-activités ? Vous êtes-vous fait accompagner ?
Lutter, non, mais j’ai eu de grands moments de doute, de stress et de questionnement.
Pour les personnes qui m’ont accompagné, je pense notamment à Audrey, de www.carnetsdesavon, pour le coté “administratif” complexe du monde des cosmétiques.
Il y a aussi mon graphiste, et mes amis ainsi que mon réseau de connaissances qui m’accompagnent encore et je le dis très souvent, mais “sans eux je n’en serais pas là”.
Vous sentez-vous parfois anxieux ou différent, ou pas totalement en phase avec vos proches ?
Au tout début, oui, un peu. Ne plus sortir les soirs et les week-end, car “je dois bosser”, certains ne le comprennent pas. Maintenant, le rythme est adopté, et tout est stable. Notamment depuis que je suis passé à temps partiel. Tous mes mercredis sont dédiées à mon autre activité, et c’est un réel plaisir et un pas de plus vers le mi-temps.
Comment vivez-vous votre multi-potentialité tout simplement ?
J’en suis fier et je pense même avoir attrapé le virus de l’entrepreneuriat, puisque je ne cesse d’avoir des idées qui fleurissent dans ma tête et qui me semblent accessibles. Mon regard à changé, et je suis vraiment heureux d’avoir franchi le pas. Je ne pourrais plus vivre sans (comme je ne pourrai plus vivre sans ma barbe !).