Le chômage étant à son plus haut niveau depuis un bon moment quelque soit sa formation et ses compétences toutes les initiatives pour faire de cette période, une expérience positive sont les bienvenues. C’est sur ce principe que Marie Grimaldi et Clémentine Bouyer sont parties pour créer Cojob, une association qui aide les jeunes chômeurs diplômés à Bac +3 minimum à se réunir autour de missions afin de rompre la solitude et garder la motivation à décrocher son prochain emploi. Ayant été elles-mêmes dans la situation, c’est tout naturellement que ce projet a vu le jour, né de leur expérience et des besoins qu’elles ont identifiés.
Marie nous en dit plus :
C’est quoi Cojob ? d’où est née l’idée et comment l’avez vous mis en place ?
COJOB est une association loi 1901 qui a pour objet de dynamiser et valoriser la recherche d’emploi des Jobeurs (jeunes bac +3 et plus moins de 35 ans). C’est un collectif qui réinvente la recherche d’emploi. Il est né du constat que nous avons fait : le chômage est une période synonyme d’isolement, de découragement, de perte de confiance et de gaspillage de compétences. Et ce même en étant diplômés.
C’est un collectif qui réinvente la recherche d’emploi
Qui êtes vous, quel est votre parcours qui vous a mené à cette création ?
Nous sommes deux cofondatrices, Clémentine Bouyer et Marie Grimaldi. Nous avons grandi à Nantes et nous connaissons depuis longtemps. Clémentine est psychologue praticienne de formation, Marie est RH. Nous avons été en recherche d’emploi en même temps, comme 29000 autres jeunes diplômés ou jeunes expérimentés à Paris. Nous avons rêvé la structure idéale qui nous manquait pour avoir un quotidien, une activité et qui serait complémentaire aux autres structures existantes. Et puis, convaincues de son utilité, nous l’avons créée !
Pourquoi avoir fait le choix d’une association et pas d’une entreprise classique ?
Nous avons choisi la structure associative pour trois raisons: pour une gouvernance partagée (bénéficier de compétences multiples, travail en groupe, décisions collectives), pour un modèle économique mixte et parce que les Jobeurs ont un statut de bénévoles au sein de notre association.
Est-il important pour un entrepreneur d’avoir un mentor ? De fréquenter un réseau ?
Pour nous il a été essentiel d’avoir un réseau : pour créer une communauté, faire comprendre et connaître notre service, pour avoir des aides et des conseils variés, pour adapter notre offre. Nous avons appris à nous entourer de différents mentors qui nous aident dans des aspects variés de notre activité, qui nous aident à sortir la tête de l’eau prendre du recul.
Nous avons appris à nous entourer de différents mentors qui nous aident
Avez vous rencontré des galères et comment les avez-vous gérées ?
Voilà quelques galères que nous avons rencontrées : le local (trouver les fonds, le bailleur qui aura confiance), le lancement (il fallait y croire car les gens ne comprennent pas toujours l’utilité au départ), le modèle économique à travailler sans cesse, la perte d’énergie (parfois on s’essouffle…) – mais on est deux et ça aide tellement ! On se repose aussi sur notre CA, on prend du temps à côté, on apprend à faire confiance, à s’entourer, à déléguer.
Quels sont vos plus beaux moments depuis le début du projet ?
Le premier financement, le stand donné par la Mairie de Paris au Forum pour l’Emploi des Jeunes Diplômés , la première promo et l’aménagement du local, notre soirée d’inauguration, chaque mail d’un jobeur qui a trouvé un travail, les retours à la fin du mois, Alex, Maria, Charlotte, Servane , Sylvie, Emanuel etc. Et tous ceux qui ont reçu un coup de fil pendant la promo pour dire qu’ils été pris,
Comment avez vous été accueillies lors du lancement ? Et aujourd’hui ?
Au départ nous avons rencontré beaucoup de sceptiques mais quelques convaincus qui nous ont soutenues et nous soutiennent encore, aujourd’hui on nous demande si cela n’existait pas déjà avant !
Quelles sont vos relations avec Pôle Emploi, envisagez-vous un partenariat ?
Pour l’instant nous n’avons pas de relations avec pole emploi. Nous avons un partenariat en cours avec l’Apec. Pourquoi pas avec pôle emploi en terme de visibilité ça pourrait être du donnant donnant, vous avez des contacts?!
Comment avez-vous financé le démarrage et le développement ?
Nous travaillons sur notre autofinancement, et il grossit au fur et à mesure des mois. On essaye de trouver d’autres idées pour diversifier nos ressources. C’est le plus compliqué mais le nerf de la guerre en ce qui nous concerne. Le concept séduit, les promos ont un réel impact social. Maintenant il ne reste plus qu’à travailler sur la pérennité économique.
Quelles sont vos stratégies marketing pour vous faire connaitre ?
Nous misons sur le bouche à oreille, des événements sympas, le lancement de la plateforme de cosearching (plateforme de mise en relation pour créer des groupe de recherche d’emploi partout en France).
Quel est votre business model ? Pensez-vous le faire évoluer ? Quand pensez-vous être rentable ?
On demande aux entrepreneurs et aux associations qui bénéficient de missions de participer financièrement aux frais de gestion de l’association à hauteur de 300 € par mission. Pour le moment nous sommes loin du 100% d’autofinancement, nous sommes à 30% mais après un an c’est déjà une belle victoire pour nous. A priori nous aimerions être en juillet de l’année prochaine à 70% autofinancement et 30% de subventions privées ou publiques (nous faisons par ailleurs des formations auprès de divers institutions qui participent à notre autofinancement).
Il s’agit d’un projet rassembleur, est-il déclinable ailleurs en France, et/ou à plus grande échelle alors que le chômage est un véritable fléau en France ?
Le concept se développe ailleurs, nous avons fait l’assemblée générale constitutive de COJOB à Nantes la semaine dernière. Par ailleurs la plateforme numérique va permettre à qui veut de se saisir du concept.
Des initiatives comme Cojob peuvent elles faire bouger les lignes pour inverser la courbe du chômage ?
Sincèrement nous ne sommes pas des spécialistes de la situation du chômage en France (il y a sans doute plein de raisons, les inadéquations entre formations et offres d’emploi, la question de la flexibilité de l’emploi, un décalage générationnel entre les demandes et les offres… etc). Notre cheval de bataille est de rendre cette situation supportable, source de liens et de créativité, de partage pour la société.
Inverser la courbe du chômage est une belle ambition. COJOB apporte un coup de pouce aux Jobeurs et ils accèdent plus vite à l’emploi. Néanmoins nous ne sommes pas dans la création d’emplois ni dans la mise en place de dispositif pour l’emploi donc l’inversion de la courbe du chômage ne sera pas de notre fait ! Mais une initiative comme COJOB peut transformer la période de recherche d’emploi, la rendre plus positive. Elle permet d’empêcher l’isolement, de sortir de chez soi, de continuer à être utile et solidaire. C’est plus une philosophie de vivre ensemble, d’être solidaires pendant les périodes difficiles. Nous pensons qu’en changeant notre façon d’agir, de se positionner, en adoptant une attitude positive les choses se transforment et changent. Après avoir retrouvé du travail les jobeurs continuent à se voir, à s’entraider, c’est un grand réseau de bonnes pratiques, de contacts, de sorties, de rencontres.
Nous pensons qu’en changeant notre façon d’agir, de se positionner, en adoptant une attitude positive les choses se transforment et changent