while42, le réseau d’informaticiens français créé par Julien Barbier, Sylvain Kalache (fondateurs de Holberton School à San Francisco) et Florent Crivello, fête ses 3 ans la semaine prochaine. D’une douzaine de participants au premier meetup, le réseau s’est aujourd’hui étendu à 48 villes à travers le monde, le tout 100% bénévolement. L’occasion de revenir sur l’histoire, les objectifs et les actions de while42 avec Julien :
C’est quoi while42 ?
while42 (sans majuscule) est le réseau international des informaticiens français.
D’où est née l’idée de départ ? Dans quel but ?
A San Francisco il y a énormément d’informaticiens français. On en croise à tous les coins de rues, dans toutes les grosses entreprises tech et dans toutes les petites startups. Énormément de startups et de grosses entreprises tech US adorent les ingénieurs informaticiens français, à commencer par Apple.
Les informaticiens français ont donc un niveau excellent. Mais il leur manquait un réseau. Ce réseau, si important dans la vie active, mais que très peu d’écoles en France ne poussent ses élèves à construire. Ce réseau qui te fait évoluer plus rapidement et qui t’ouvre des portes impossibles a ouvrir autrement. Ce réseau qui te permet de trouver des supères opportunités, et qui te permet de recruter les meilleurs. Ce réseau qui est l’extension de ton savoir et dans lequel tu trouves des spécialistes de tous les domaines.
Avec Sylvain Kalache, nous avons donc décidé de créer, il y a 3 ans, un réseau pour les informaticiens français de la Silicon Valley. A notre première réunion nous n’avions pas de nom, et nous étions 12.
Comment le mouvement a t-il pris ?
A partir de la tout est allé très vite. A la seconde réunion nous étions 30, la troisième 60 etc… Et partout dans le monde d’autres villes ont créé leur propre chapitre. C’est Paris, puis New York qui ont vu le jour dans la foulée, et aujourd’hui nous sommes présents dans 48 villes partout dans le monde.
Quelques mois après le lancement, while42 est passé d’un réseau de 12 tech français de la Silicon Valley à un réseau de plusieurs centaines de personnes dans le monde entier – et ce uniquement via le bouche à oreilles. while42, The Global French Tech Engineer Network tel que nous le connaissons aujourd’hui était né.
Où en êtes-vous aujourd’hui pour les 3 ans ?
while42 est aujourd’hui présent dans 48 villes dans le monde et compte plus de 3000 membres actifs. Nous sommes présents dans des milliers d’entreprises dans le monde et dans toutes les plus grosses boites tech du monde. “We are Legion”.
Nous ne faisons pas de bruit, nous ne sommes pas un groupe politique, nous ne faisons pas d’argent (du moins pas directement). Il n’y a aucune cotisation, aucun membre ne paye quoi que ce soit. Et pourtant nous faisons bouger les choses, doucement, sans bruit, de l’intérieur. Même si le réseau n’accepte que des informaticiens français, nous aidons également tous les écosystèmes dans lesquels nous sommes présents. Nous accueillons et advisons énormément d’entrepreneurs français, partout dans le monde. Et nous aidons les communautés locales, les écoles, les incubateurs, les investisseurs – gratuitement.
La plus belle illustration de notre succès, c’est que lorsque certaines personnes partent à l’Étranger dans une ville ou nous sommes présents, ils calent leurs dates pour pouvoir venir à une de nos réunions. Il n’est pas du tout rare de voir débarquer des gens directement de l’aéroport à nos events de San Francisco.
while42 est une histoire humaine, et la preuve que l’argent n’est pas du tout indispensable pour réaliser de grandes choses.
while42 est une histoire humaine, et la preuve que l’argent n’est pas du tout indispensable pour réaliser de grandes choses
Qui crée et comment naissent les écosystèmes while42 dans le monde ? Comment sont-ils animés ?
C’est assez simple. Si vous êtes un ingénieur informaticien français et que vous voulez monter un chapitre while42, nous organisons un Skype et c’est parti. La recette while42 est simple. Nous avons des valeurs core qui sont présentes dans tous les chapitres, et chaque chapitre crée ensuite sa propre personnalité en fonction de la culture locale, des opportunités, et de la personnalité des gens qui gèrent le chapitre.
Les valeurs core sont les suivantes :
0. Uniquement des français (ou parler français et avoir un diplôme d’une école française)
1. Uniquement des informaticiens.
2. Tout est organisé autour de l’humain et des rencontres “IRL”. while42 n’est PAS un réseau social en ligne. C’est la force du réseau. Les membres viennent aux events, meetups etc… se rencontrent et se connaissent VRAIMENT.
3. Pas de cons. Peu importe si tu es le Mark Zukerberg ou le Steve Jobs français, si tu as une sale mentalité, tu ne peux pas devenir while42.
Ce qui est génial, c’est que chaque chapitre a sa propre personnalité. Par exemple, le chapitre San Francisco organise des meetups tous les mois dans des startups tech. En Chine le premier événement était dans un Karaoké. A New York c’est souvent dans des pubs. Etc… Aucun chapitre while42 ne se ressemble. Et pourtant vous y serez toujours chez vous, car les valeurs core seront toujours présentes.
Aucun chapitre while42 ne se ressemble. Et pourtant vous y serez toujours chez vous, car les valeurs core seront toujours présentes
Est-ce un modèle réplicable sur un autre domaine ? Ou les dev sont ils “une bande à part” ?
C’est parfaitement possible. D’ailleurs nous avons souvent des demandes de conseils de personnes qui veulent créer leur while42 dans un domaine différent.
Avez-vous une ou deux belles histoires à raconter qui soit arrivée grâce à while42 ?
Sans citer de noms, nous avons trouvé des emplois à l’étranger à des centaines de personnes. Des gens qui se sont rencontres à while42 ont signé d’énormes deals, d’autres ont monté des startups ensemble. Nous avons fait également gagné énormément de temps et d’argent à des centaines d’entrepreneurs français qui débarquent dans une nouvelle ville en leur ouvrant nos carnets d’adresses.
Pourquoi n’y a t-il qu’une seule femme dans les roots ?
Il y a plusieurs raisons à cela, et c’est un sujet qui va au delà de while42.
Premièrement, la raison principale, c’est qu’il y beaucoup moins de femmes ingénieurs informaticiennes que d’hommes. Là aussi nous essayons de faire bouger les choses. Cela prendra du temps car c’est un problème de culture, mais nous y arriverons.
A cela s’ajoute le fait que les femmes, pour le même travail, gagnent moins que les hommes. Donc comparativement elles doivent travailler plus longtemps pour gagner le même salaire et ont donc moins de temps libre pour des initiatives bénévoles telles que while42.
Et enfin, et le plus désolant, c’est qu’elles subissent énormément plus de pression que les hommes dans le monde Tech. Il est donc plus difficile pour elles de prendre le leadership dans un monde considéré comme masculin et où chaque “faux-pas” sera amplifié, raillé et critiqué 100 fois plus que pour un homme.
Les gens ont trop vite oublié que c’est une femme qui a inventé la programmation, que ce sont des femmes qui ont programmé le premier ordinateur programmable, que c’est aussi une femme qui a créé le premier compilateur, etc… Nous sommes là pour leur rappeler.
Il est plus difficile pour les femmes de prendre le leadership dans un monde considéré comme masculin et où chaque “faux-pas” sera amplifié, raillé et critiqué 100 fois plus que pour un homme
Qu’avez-vous prévu pour cet event ?
Pour nos 3 ans, 23 villes organisent un événement dans le monde, le même jour. Nous estimons que 1000 personnes participeront aux 3 ans de while42 dans ces 23 villes. Ça sera un peu comme les 24 heures de while42 !
Selon vous, tout le monde doit-il aujourd’hui apprendre à coder comme les pouvoirs publics le souhaitent ? Dès le primaire ?
C’est un sujet intéressant, mais je pense que cela n’est pas la bonne question. La vrai question est : comment peut-on faire évoluer l’éducation pour l’adapter au monde dans lequel nous vivons ?
Il est évident que la programmation est une demande forte et en forte croissance dans le monde entier. Aucun pays ne forme assez d’informaticiens pour ses propres besoins. Il serait donc intéressant d’avoir la possibilité pour les enfants qui le souhaitent de pouvoir apprendre la programmation.
Mais doit-on encore une fois commettre l’erreur d’imposer une matière a tout le monde, y compris les enfants qui préfèrent courir que de rester assis derrière un écran? Et comment va-t-on former les enseignants à la programmation ? Car si nous enseignons l’informatique aux enfants comme nous enseignons les Maths et l’Histoire, ne risque-t-on pas des les dégouter à jamais d’une matière qui pourrait leur ouvrir tellement de portes dans leur avenir ?