“Tu as des milliers d’idées, mais on ne te voit pas les appliquer”, quel entrepreneur n’a jamais entendu cette remarque de la part de ses proches ? De ses proches pas entrepreneurs, qui ont une idée un jour et qui sont toujours dessus des années plus tard. Deux mondes bien différents, qui ne se comprennent pas et ne se comprendront jamais, mais dont les remarques peuvent blesser. Au même titre que l’entrepreneur pourrait leur dire “mais tu n’en n’as pas assez de faire le même job depuis 20 ans ??”
Les entrepreneurs ont chaque jour, voire chaque heure, des tonnes d’idées, que ce soit de business, lorsqu’ils cherchent à diversifier ou créer une nouvelle activité, ou de projets pour leur entreprise en exercice. Chaque soir l’entrepreneur se couche avec des idées fabuleuses, de celles qui vont faire exploser sa boite ou révolutionner un marché et se réveille le lendemain matin en se demandant d’où il a pu sortir cette idée stupide ou infaisable… La plupart reste entre l’entrepreneur et lui-même, ou bien elles sont partagées avec son conjoint, son associé, ses employés. Jusque là rien de bien grave, le cercle est réduit et tout le monde sait qu’il faut 30 idées pour en mettre une sur pied. C’est lorsqu’on tient une idée qui semble bonne, depuis un moment, qu’on la retourne dans tous les sens et qu’on se dit “mais oui c’est ça !” et qu’on commence à en parler autour de soi pour avoir des avis de tout horizon que les ennuis commencent. Parce que très souvent les autres ne partagent pas cet enthousiasme débordant, ne connaissent pas le marché, ne prennent pas de risques, connaissent toujours un ami d’ami qui a fait pareil et qui a tout perdu et finissent par tenter de nous remettre dans le droit chemin. Au choix le métier initial exercé, un poste de salarié quelconque ou dans tous les cas quelque chose de sécurisé “au cas où”. Et comme ils se disent que c’est encore une idée qui n’aboutira pas, pourquoi se priveraient t-ils de réagir ainsi ?
Comment alors leur expliquer que le tempérament d’entrepreneur c’est justement d’être créatif, de voir une opportunité dans tout ce qui se présente, de se dire qu’un jour on fera ceci ou cela, de rêver à un grand succès et que jamais on ne s’enfermera dans un projet qui ne répond pas à notre idéal de vie même si au final on ne trouve jamais le Graal ? Un idéal qui peut changer régulièrement d’ailleurs. C’est impossible, alors plutôt que passer pour celui qui a des tonnes d’idées, mais qui ne met jamais rien en place de concret, il vaut mieux ne rien dire à ceux qui ne comprennent pas cet état d’esprit, c’est plus simple. Il est aussi possible de tenter de leur expliquer que heureusement que toutes ces idées lumineuses ne sont pas concrétisées, car le temps manquerait grandement et que oui, même si cela ne se voit pas, certaines idées se transforment en projets puis en business. Mais il faut le temps, le bon moment, les conditions réunies, ce petit truc qui fait que c’est cette idée qui sera la bonne. Et comme un entrepreneur fonctionne souvent à l’instinct, un rien peut venir enrailler la machine créative et obliger à repartir de nouveau sur un autre projet. Donnant ainsi l’impression de procrastiner, d’avoir peur de se lancer, d’être mauvais ou feignant, ou tout simplement de ne pas être fait pour être un vrai entrepreneur.
Ce genre de remarque est au final très frustrante mais invite aussi à se remettre en question, car peut-être qu’en ce moment justement les idées fusent mais rien ne voit le jour et qu’il est temps de se lancer. Ou bien est-ce le moment de penser à se faire accompagner pour avancer sur un projet, ou tout simplement qu’il faut garder pour soi ses réflexions faute de se faire comprendre… De toutes façons salarié/entrepreneur, ce sont deux mondes tellement opposés qu’il est impossible d’être sur la même longueur d’onde. Reste à ce que chacune des parties accepte l’autre dans sa différence, celle des idées qui ne verront jamais le jour et celle de l’idée unique qui déterminera toute la vie.