Lorsque le Ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique, Emmanuel Macron, avait annoncé il y a un an vouloir ouvrir à la concurrence le transport en autocar sur de longues distances, nombreuses étaient les critiques et attaques. Secteur non innovant, transport pour les pauvres, retour en arrière à l’heure de BlablaCar et Capitaine Train, etc… Bref une levée de boucliers comme les français savent faire.
1 an plus tard et un premier bilan, après la publication du décret d’application libéralisant le transport par autocar, chacun réalise qu’il aurait du y croire (pour une fois, c’est vrai) et laisser sa chance à l’initiative d’un ministre encensé d’habitude pour son amour de l’industrie numérique. L’innovation n’est pas toujours là où on l’attend et parfois une réforme crée vraiment des emplois en France. Le paradoxe est encore plus fort quand on compare ces résultats à -ce qui n’est pas comparable peut-être- la faillite de Leap, à San Francisco après avoir levé 2,5 millions de dollars quelques mois auparavant, et fait circulé ses bus sans autorisation de la ville. La législation pèse dans les deux cas et les autorités administratives et législatives ont, il est vrai, fait des choix que chacun peut contester, mais l’autocar est à la portée de tous, alors que Leap ciblait les riches techos de SF à 6$ le trajet de 20 min… L’innovation était très bonne mais provocatrice de clivages sociaux qu’aucun État ne peut cautionner alors que la crise économique sévit toujours et que les inégalités augmentent.
Un mois donc après la promulgation de la loi pour la croissance, l’activité, et l’égalité des chances économiques, 700 emplois ont été créés et près de 250 000 passagers ont été transportés dans toute la France, contre 110 000 en 2014. 75 villes françaises sont aujourd’hui desservies par une ligne et 274 autocars assurent chaque jour des liaisons en France.
Ce fort développement permet une mobilité accrue non seulement entre villes françaises mais également vis-à-vis d’autres métropoles européennes
D’ici fin 2016, près de 200 lignes et la création de 2 000 à 3 000 emplois directs sont envisagées par les professionnels. 5 millions de passagers devraient voyager en autocar fin 2016. Emmanuel Macron se serait inspiré du modèle allemand où 20 millions de passagers ont été transportés depuis la libéralisation du secteur en 2013.
Transdev prévoit d’ouvrir plusieurs dizaines de lignes entre les grandes villes françaises et d’étendre l’offre aux villes abandonnées par la SNCF, via sa nouvelle filiale, créée en juin dernier, Isilines. Auparavant sa filiale Eurolines ne pouvait effectuer des trajets reliant la France à un autre pays. 140 liaisons auraient été ouvertes cet été par plusieurs compagnies dont l’allemand Flixbus et l’anglais Megabus. La SNCF s’est aussi positionnée avec sa filiale iDBus. Starshipper qui proposait déjà des liaisons interrégionales augmentent petit à petit le nombre de lignes desservies depuis la promulgation de la loi en collaboration avec des opérateurs locaux.
Reste maintenant à construire des gares routières avec une offre de services pour accueillir ces milliers de passagers et des autocars confortables, à faibles émissions polluantes pour séduire des voyageurs aujourd’hui essentiellement partagés entre le train et le covoiturage pour leurs déplacements longue distance en France.