Le coworking, c’est LA nouvelle façon de travailler aujourd’hui alors que de plus en plus de salariés sont maintenant devenus des free-lance sans bureau fixe, ni client fixe. Il y a pléthore d’espaces dans les grandes villes et le marché peut sembler parfois saturé. Pour autant les entrepreneurs ne manquent pas d’idées pour faire bouger les choses, à l’instar d’Aline Mayard, une française installée au Maroc qui vient de créer The Blue House, un lieu pour startups situé dans le village de Taghazout en bord de mer, une sorte de retraite inspirationnelle pour entrepreneurs (et surfeurs).
Aline nous en dit plus sur le projet :
C’est quoi The Blue House actuellement ? D’où est venue l’idée ? Où en êtes-vous dans le développement ?
The Blue House est un lieu pour startups situé à Taghazout, un village de pécheurs et surfeurs au Maroc, dont l’objectif est d’aider les startups à mieux travailler.
En tant que journaliste couvrant les startups arabes, j’ai eu la chance de pouvoir voyager et travailler en même temps et j’ai réalisé qu’à chaque fois que je travaillais dans un lieu hors du commun (une plage au Sénégal, le désert américain), j’étais plus productive, créative et motivée que jamais.
D’autre part, j’ai eu la chance d’interviewer des startups européennes et américaines ayant élu domicile à Taghazout, certaines pour un mois, d’autres pour neuf. Cette expérience les a changés et les a aidés à travailler mieux et à faire preuve de perspective.
J’ai alors commencé à parler avec des startups, des accélérateurs et des espaces de coworking et j’ai pris part à des retraites de startups pour comprendre comment je pourrais améliorer l’expérience que ces startups avaient vécue à Taghazout et permettre à plus de startups d’en bénéficier.
J’ai passé une grande partie de l’hiver et du printemps dernier à Taghazout, ce qui m’a permis d’y organiser deux tests du programme de résidence. Maintenant, nous sommes prêt à nous lancer.
J’ai réalisé qu’à chaque fois que je travaillais dans un lieu hors du commun (une plage au Sénégal, le désert américain), j’étais plus productive, créative et motivée que jamais
Qu’offrez-vous aux startupers qui vous rejoignent ? Comment se déroule le séjour ?
Nous sommes actuellement en train de faire une campagne de crowdfunding pour financer l’aménagement de la maison et nous allons lancer officiellement à la rentrée nos trois programmes :
- La résidence : 10 jours de travail et discussions avec une sélection de startups internationales, loin du brouhaha des grandes villes.
- Les retraites : trois jours au vert à rencontrer des personnes fascinantes, sélectionnées en amont, à vivre des aventures ou à recharger ses batteries.
- Les “offsites” : des programmes privés sur mesures pour des groupes de 10 à 100 personnes.
Combien avez-vous séduit de “clients” pour le moment et avec quelle stratégie ?
Nous avons pu effectuer deux pilotes en louant des maisons en location saisonnière en mars et mai.
En tout nous avons eu 6 startups, un entrepreneur entre deux startups et un développeur, soit 12 personnes. Les participants sont venus de Suède, de France, d’Angleterre, des Pays-Bas et des États-Unis. Les profils étaient variés puisque les startups avaient entre six mois et trois ans et étaient dans le secteur de la mode et le design, l’économie collaborative ou encore l’éducation.
Certains participants nous ont connus par le bouche à oreille, par notre présence sur certains sites et médias, d’autres parce que nous les avons contacté individuellement.
Qui sont les fondateurs ? Que faisiez-vous avant ?
Après avoir participé au lancement de la jeune startup franco-américaine Buzzcar à Paris, j’ai couvert les startups arabes pour le plus gros média dédié au sujet, Wamda.
J’ai eu brièvement un cofondateur mais ça n’a pas fonctionné.
Maintenant, je peux compter sur les conseils quotidiens d’Asmaa Guedira, une “connector” de OuiShare, un think-and-do-tank sur l’économie et la société collaborative, d’origine franco-marocaine, et sur le soutien de plusieurs conseillers géniaux : l’investisseur de Dave Haynes, la cofondatrice de TheFamily Alice Zagury, le fondateur de Endeavor Morocco Amine Hazzaz, le cofondateur de Beta-i Ricardo Marvao et l’ancienne investisseur chez Index Sofia Hmich.
Quel rayonnement apporte The Blue House sur le village marocain où la startup est implantée ? Quel est l’intérêt social du projet ?
On se considère comme une entreprise sociale. Notre mission, c’est d’aider les startups à mieux travailler, particulièrement celles du Maroc qui ont un énorme rôle à jouer dans le développement de leur pays.
Nous souhaitons accueillir des startups marocaines lors de nos programmes de résidence et retraite pour qu’elles puissent rencontrer des startups et des entrepreneurs accomplis du monde entier. Pour cela, nous avons lancé un fonds que nous espérons financer à travers notre campagne de crowdfunding et du sponsoring pour pouvoir prendre en charge une partie des frais de ces startups marocaines.
Lancer The Blue House au Maroc est aussi une opportunité pour attirer des entreprises et des investisseurs dans le pays et leur faire réaliser le potentiel de ce pays en pleine transition.
Nous allons aussi ouvrir un Lab pour pousser les jeunes de la région d’Agadir à donner vie à leurs projets et à aller aussi loin que possible. Le Lab leur permettra d’apprendre à gérer des projets, utiliser internet, prototyper, élaborer un business plan et surtout être ambitieux.
Notre mission, c’est d’aider les startups à mieux travailler, particulièrement celles du Maroc qui ont un énorme rôle à jouer dans le développement de leur pays
Comment avez-vous financé le démarrage de votre projet ?
J’ai financé le pilote de ma poche. J’ai tout fait pour garder les coûts au minimum:
• Nous avons loué des maisons en location saisonnière quand nous avions des participants de sorte à ne pas perdre d’argent quand nous n’avions pas de participants
• J’ai gardé mon emploi chez Wamda à temps partiel pour couvrir mes frais
• Les revenus du programme ont couvert presque toutes les dépenses effectuées
Comment avez-vous eu l’idée de créer une collecte sur Indiegogo ?
Ce projet est né des feedbacks que m’ont donné les startups, il a grandi grâce au soutien d’entrepreneurs qui croyaient en ma vision, notamment lors du pilote. Impliquer la communauté à chaque étape était une évidence.
Quelle stratégie avez-vous mis en place pour réussir cette collecte ?
La stratégie est très orientée communauté, nous avons expliqué à notre réseau et aux gens qui soutiennent TBH en amont les raisons pour lesquelles on fait cette campagne et pourquoi on a besoin d’eux. Nous avons aussi pu compter sur le soutien de nombreuses organisations – accélérateurs, coworking spaces, etc – pour passer le mot.
Nous allons aussi bientôt entrer dans une deuxième phase où nous allons créer du contenu pour mettre en avant notre vision et les bénéfices de passer du temps hors du bureau.
Quels résultats en attendez-vous ou avez vous eu au delà de réussir la cagnotte ?
Que notre communauté d’idéalistes et de business hippies grandisse !
Quelles sont vos ambitions prochainement ?
On se concentre pour le moment sur le financement, l’aménagement et le lancement de la maison. C’est déjà beaucoup !
On assiste à l’émergence d’espaces de coworking “au vert” ou “à la plage” pour de courts séjours un peu partout dans le monde, comment expliquez-vous cela ?
Les startups ont tendance à être tellement prises par les problèmes quotidiens qu’elles oublient de prendre du recul et de penser au long terme, elles sont parfois coincées, par le manque d’inspiration. Les grandes idées ne naissent pas dans une salle de réunion. Le développement des espaces de coworking a prouvé que l’environnement dans lequel on travaille a une influence énorme sur notre productivité et créativité. Maintenant les gens sont prêts à passer à l’étape suivante.
Les grandes idées ne naissent pas dans une salle de réunion