Aujourd’hui, tout est possible, combien de fois entendons-nous cette petite phrase dans la semaine ? Déclinée à l’envie par les médias, les entrepreneurs, les aventuriers, les “ceux qui l’ont fait”, etc…
Lorsqu’on se remémore les décénnies précédentes, on voit bien que le monde entier est à portée de clic. Ce qui était réservé à une élite avant devient aujourd’hui mainstreet, presque banal. Entre le banal et l’obligation il n’y a qu’un pas, et depuis peu il semble que celui-ci ait été franchi. Les dogmes ont certes changé, il n’est plus imposé de faire un beau mariage, tenir correctement sa maison, avoir une belle voiture et partir deux fois par an en vacances, mais la pression sociale n’a pas disparu pour autant. Elle impose de “tout faire” et “tout tenter” pour ne pas être celui ou celle qui s’enferme dans son train-train quotidien, qui ne saisit pas les opportunités à sa disposition, qui végète, qui se contente d’une vie ordinaire et qui n’apporte pas sa pierre à la transformation du monde.
Faire un tour du monde ? On ne compte plus ceux qui en font parmi la nouvelle génération, en quête de sens et qui pense trouver l’inspiration ailleurs. Créer une startup ? En quelques clics, deux soirées networking et quelques notions de codes ou marketing, tout le monde se lance. Courir un marathon ? C’est has been, maintenant il faut faire une Iron Man, dépasser ses limites et se donner les moyens de la réussir, dans les premiers bien sûr.
Celui qui ne peut pas, comment fait-il ? Parce que tout le monde ne peut pas tout faire, bien qu’on essaie de faire croire le contraire. Sortir de sa zone de confort, se mettre dans le rouge, tout le monde n’en n’est pas capable et ce n’est pas seulement un manque de volonté. Tout le monde est différent, la vie façonne les êtres humains en fonction des épreuves traversées, de l’éducation reçue et chacun nait avec un code génétique individuel qui créera sa personnalité future, individuelle.
Dans cette société du tout est possible, celui qui “n’est pas capable de”, est pointé du doigt, de la même façon que celui qui ne suivait pas le schéma familial jusque dans les années 70/80 l’était. La société continue malgré toutes les évolutions, de créer des tendances que tout le monde devrait suivre pour ne pas être banni du monde merveilleux des bien-pensants, créant un mal-être permanent chez ceux qui n’arrivent pas à tout faire comme tout le monde.
Si les névroses du début du XXe siècle étaient liées aux interdits, à la répression des désirs, à une norme sociale unique (un fils de boucher devenait garçon boucher), aujourd’hui on l’est par trop-plein. La fatigue et la dépression contemporaines sont dues à la multiplication des possibilités. Chacun peut devenir en théorie qui il veut et est fatigué de ne pas pouvoir tout faire. C’est une fatigue du trop, du toujours plus – Figaro Madame
Tout est résumé dans cette citation reprise du Figaro Madame de ces jours-ci. Les journées, elles, font toujours 24h, et même si tout est possible, le temps rappelle que non tout ne l’est pas, quoi qu’on en dise. On peut augmenter sa productivité, devenir plus efficace, faire des to do list et s’y tenir, tout planifier pour arriver à tout faire, mais à quel prix ? S’oublier soi-même et perdre son âme, devenir cet autre qui sait saisir les opportunités et les transformer, cet autre qui accumule les records et les distinctions, cet autre qui assure au travail, en famille, au sport, en soirée ? Mais surtout cet autre devenu un robot qui aura une vie bien remplie aux yeux de la société, mais dénuée d’émotions, de connexion à soi et incapable de savoir qui il est vraiment. Il pourra venir raconter en conférence de leadership comment il arrive à tout faire et donner son plan de bataille pour faire de même, mais qu’en est-il de lui vraiment ? Un stéréotype de l’homme ou la femme moderne qui a su utilisé tous les moyens mis à sa disposition pour devenir celui ou celle qui prouve que “tout est possible” à la société, mais vide à l’intérieur.
Dire aujourd’hui que “tout est possible” est certes vrai, mais ce n’est pas pour autant que “tout est facile” ou que “tout le monde doit/peut le faire”. S’il est un acquis de cette nouvelle société qu’il ne faut pas mettre de côté c’est bien celui de la liberté individuelle, celle qui permet de dire non aux diktats et d’avancer sur son propre chemin, pour devenir et rester celui ou celle qu’on souhaite être de toute son âme.
Bonsoir,
J’ai beaucoup aimé cet article, merci à vous !
En effet, le discours du “tout est possible” peut parfois s’apparenter à un matraquage et nous enjoindre à en faire toujours plus, plus vite, mieux. Au détriment de notre équilibre et de notre bien-être…
Je pense que tout est question de dosage : on peut choisir d’oser et faire preuve d’audace et de détermination pour réaliser nos rêves. Tout en sachant qu’on aura aussi des périodes plus creuses, avec des moments de réflexion et de lâcher-prise.
Ayant moi-même choisi de me reconvertir en prenant un virage à 180°, c’est en me disant “Tu peux tout faire” que j’ai pu poursuivre mon projet…
Si j’avais pensé : “Oh non, mais je n’y arriverai pas”, alors je n’y serais sans aucun doute pas arrivée.
Nos pensées créent notre réalité. Alors plus elles sont positives, et plus on peut avoir de force et de courage…
Alors je pense qu’on pourrait proposer un “message” un peu différent :
Tout est possible…. mais écoute ton coeur et suis ton propre chemin… Et sois heureux/se !
Bonne chance à tous,
Claudia de YogaPassion
Oui tout est possible pour celui qui l’a décidé. N’oubliez jamais, restez libre de vos choix et soyez heureux de les faire. Personne ne doit les faire à votre place!