L’annonce a fait grand bruit comme à chaque fois que cela concerne Uber, Tata, le constructeur automobile indien, devrait investir près de 100 millions de dollars dans la société californienne selon le Financial Times. Implantée en Inde depuis deux ans, Uber est présent dans 18 villes, compte 150 000 chauffeurs et a annoncé fin juillet vouloir miser 1 milliard de dollars ces prochains mois dans le pays afin de contrer l’expansion de son concurrent local Ola, une solution de covoiturage en taxi. Alors que le service Uber est toujours interdit à New Delhi après le viol présumé d’une passagère, la firme entend atteindre 1 million de conducteurs Uber d’ici 2017, dans un pays où la voiture personnelle est un luxe.
L’investissement sera notamment réalisé par le Tata Opportunity Fund (TOF), un fonds de placement géré par Tata Capital, doté fin 2013 de 600 millions de dollars. Tata devient ainsi le partenaire le plus important d’Uber en Inde. Une opportunité qui ne serait pas sans arrière-pensée, puisque Tata Motors, le fabricant numéro un de voitures en Inde, pourrait ainsi favoriser ses ventes de voiture à de futurs conducteurs Uber, avec des conditions financières attractives via sa filiale Tata Capital.
Aujourd’hui l’Inde est le deuxième plus grand marché de Uber après les USA et son potentiel est énorme : l’Inde sera d’ici 2022 le pays le plus peuplé du monde, et le niveau de vie de sa population augmente régulièrement. Uber enregistrerait actuellement 200 000 trajets par jour à travers le pays.
Un investissement qui donne à penser que les constructeurs automobiles, à l’image de Tata pourraient à l’avenir s’engager dans la voie de l’économie collaborative, même si aujourd’hui Uber s’est bien éloigné des valeurs originelles de la sharing economy. Dans un monde qui change, où la notion d’usage prend le pas sur la possession, les entreprises industrielles ne peuvent plus aujourd’hui rester sur leurs acquis et doivent s’adapter. C’est le cas des ventes automobiles, qui en France par exemple font l’objet d’un indice spécial, analysé chaque mois, comme un indicateur de performance de l’économie. Pourtant à terme, le nombre d’immatriculations devrait chuter, non pas parce que le pouvoir d’achat baisse, mais parce que les utilisateurs ne voient plus l’intérêt de posséder un véhicule alors que de nombreuses solutions existent : auto-partage, VTC, covoiturage, etc… Là où l’offre de transport en commun proposée par l’État, l’une des motivations pour acquérir une voiture dès le plus jeune âge, fait parfois défaut tant en quantité qu’en qualité, la nouvelle économie apparait comme une alternative de choix pour se déplacer, en Occident. En Inde ou au Moyen Orient, ces offres proposent un service sécurisé de qualité pour se déplacer plus facilement, une alternative à l’interdiction de conduire pour les femmes par exemple, à des bus et trains aléatoires et dangereux ou un coût d’acquisition beaucoup trop élevé. Tata l’a bien compris, après son échec de la Nano, une voiture ultra-low-cost qui n’a pas séduit la clientèle indienne, l’avenir ne serait pas dans les ventes aux particuliers en Inde, mais en investissant la nouvelle économie qui prend forme autour des déplacements partout dans le monde.
C’est aussi sur ce créneau que BMW propose outre-Rhin en partenariat avec Sixt, depuis 2011, DriveNow, un service d’autopartage haut de gamme en Mini Cooper et Berlines de la marque. Avec plus de 330.000 clients, DriveNow est le service d’auto-partage le plus important d’Allemagne. Les utilisateurs ont accès à environ 2400 véhicules premium de marque BMW et MINI. Le service est décliné en Allemagne, à Munich, Berlin, Düsseldorf, Cologne et Hambourg, mais aussi aux États-Unis à San Francisco, au Royaume-Uni à Londres, en Autriche à Vienne et en septembre à Copenhague au Danemark.
Un succès du à la facilité d’utilisation : il n’est plus nécessaire de se soucier de l’assurance, de l’entretien ou du stationnement de la voiture. Carburant, assurance, taxes, stationnement : tout est inclus. La réservation s’effectue avec l’Apple Watch, un smartphone, une tablette, un PC ou via un appel téléphonique. Un service pratique et économique permettant d’optimiser l’usage d’une flotte de voitures, de réduire le nombre de voitures inutilisées en ville, et permet aussi à BMW de se positionner sur ce nouveau marché en pionnier afin d’anticiper une possible baisse des ventes de voitures à terme. Dans le même style Peugeot propose depuis 2010, le service Mu, une offre de location courte durée des voitures de sa marque, à proximité de chez soi et Citroën avec fait parler d’elle avec Facility à la même époque.
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