La semaine dernière les médias se sont affolés, suite à une étude de la Dares qui affirmait que fin 2013, les très petites entreprises (TPE, moins de 10 salariés) concentraient plus de la moitié des postes à pourvoir, soit 75700 sur les 138900 postes vacants, contre 63.200 dans les entreprises de plus de 10 salariés.
Un chiffre qui peut être perçu de deux manières : soit on se réjouit que les TPE, qui constituent la majorité des entreprises françaises embauchent, malgré leur petite taille et le fait qu’elles ne représentent que 20% de l’emploi salarié, soit on met en confrontation ces 75700 postes à pourvoir au regard des presque 6 millions de chômeurs toutes catégories confondues.
Le communiqué de presse, repris par toute les rédactions mentionnait cette citation “bien que ce chiffre paraisse élevé, il pourrait l’être encore davantage car il s’agit uniquement des postes à pourvoir qui ont été déclarés par les entreprises“. Évidemment présenté comme “plus de la moitié des postes à pourvoir le sont dans les TPE” donne plus envie que “75700 postes sont à pourvoir dans les TPE”. Le gouvernement sait parler aux journalistes pour s’assurer une bonne com’, on ne peut pas le nier. Cependant, un peu d’analyse des chiffres ne ferait pas de mal de temps en temps. A l’heure où la plupart des journaux recopient les CP et dépêches AFP, seul le titre de l’article compte à la manière d’un BuzzFeed ou Demotivateur, alors qu’il ne s’agit, dans ce cas par exemple, pas de simplement générer du partage sur les réseaux sociaux avec un titre accrocheur, mais d’informer les lecteurs sur l’état de la conjoncture économique du pays. La presse va mal entend t-on partout, les lecteurs ne lisent plus les journaux et se contentent de faire défiler leur fil d’actualité sur leur smartphone dans le RER. Certes, Twitter remplace souvent l’info, (il suffit de suivre l’AFP pour tout savoir, comme les rédactions des journaux) mais si celle-ci était de qualité, analysée et ne faisait pas l’objet de publirédactionnel, elle attirerait peut-être plus de lecteurs.
Il est très facile d’accuser les mutations sociétales, l’innovation, de demander des aides pour s’en sortir, au nom de la liberté de l’info et de ne pas se bouger pour proposer une vraie valeur ajoutée à ses lecteurs. Où est l’indépendance lorsqu’on recopie des communiqués de presse des services de com’ du gouvernement et que ces mêmes entités financent la plupart des journaux ?
Très juste !