My Hospi Friends est le 1er réseau social intra-hospitalier à destination des patients hospitalisés. la startup, créée en 2013, par Julien Artu rejoindra la nouvelle promo de la chaire entrepreneuriat social et solidaire, Antropia, de l’ESSEC à la rentrée.
My Hospi Friends aide à rompre, de manière ludique, l’isolement ressenti par les patients, de moins subir la solitude intrinsèque aux hospitalisations de moyennes ou longues durées, et d’améliorer ainsi leur bien-être moral.
Il leur permet, via les pages d’actualités (mode, sport, cinéma, bricolage, etc…) non seulement de se changer les idées, mais aussi de se connecter entre eux pendant leur hospitalisation, de se faire de nouveaux amis, virtuellement ou non, en échangeant autour de leurs passions et affinités. My Hospi Friends permet aussi aux hôpitaux de communiquer avec ses patients.
Julien nous en dit plus :
C’est quoi My Hospi Friends ?
My Hospi friends est un réseau social visant à mettre en relation les patients hospitalisés au sein de l’établissement en fonction de centres d’intérêt commun. Ainsi, il se place au milieu des réseaux sociaux classiques tels que Facebook et des sites de rencontres via les centres d’intérêt. Il agit également sur la communication entre l’hôpital et ses patients : avec son propre compte, l’établissement partage son actualité ou sur la vie associative.
D’où est venue l’idée ?
Suite à un grave accident de la route en septembre 2011, je suis resté alité pendant 5 mois. Je me suis alors rendu compte qu’il n’existe aucun moyen pour les patients de se divertir, pour animer leur quotidien, qui devient vite ennuyeux et déprimant. J’ai donc décidé de créer un réseau social de niche à destination des patients hospitalisés. My Hospi Friends permet aux patients de se connecter entre eux, selon leurs affinités et intérêts, se faire de nouveaux amis, partager autour de leurs passions, se sentir moins seuls en quelques mots.
My Hospi Friends permet aux patients de se connecter entre eux, selon leurs affinités et intérêts, se faire de nouveaux amis, partager autour de leurs passions, se sentir moins seuls
Qui sont vos concurrents et qu’apportez-vous de plus ou différent ?
Nous n’avons pas de réels compétiteurs, ce qui est une chance. En effet, les rares plateformes, telles que Carenity ou encore BePatient sont basées sur les pathologies, et les parcours de soins, alors que nous sommes orientés sur l’aspect ludique, le divertissement, l’échange basé sur l’affinité, mettant ainsi le patient au cœur de la démarche.
Quel est le modèle économique ? En vivez-vous aujourd’hui ?
La France compte 2 700 hôpitaux, publics ou privés, sans parler des SSR (Soins de Suite et de Réadaptation). Nous avons donc adopté une stratégie B2B2C, même si nous ne monétisons pas les profils. Étant positionnés comme éditeur de logiciel e-santé, nous vendons directement les licences d’exploitation aux structures hospitalières.
Celles-ci peuvent en outre communiquer avec les patients par ce biais, en tirer des statistiques (anonymisées), soulager la charge de travail de leur personnel soignant, et surtout participer au développement de l’hôpital numérique 2.0, l’une des filières d’avenir identifiées par le gouvernement.
Pour le moment, My Hospi Friends n’est pas à l’équilibre, car nous investissons beaucoup sur notre déploiement à la fois sur la France, mais également sur l’Europe. Nous sommes d’ailleurs en pleine levée de fonds.
Quelles stratégie marketing et communication avez-vous mises en place pour faire connaître votre site ?
Pour nous faire connaitre, nous avons bien sûr utilisé les réseaux sociaux. Nous avons actuellement plus de 7.000 followers sur Twitter (@MyHospiFriends). En plus de notre stratégie digitale, nous participons aux principaux salons, congrès, etc. qui concernent la santé 2.0. En ce qui concerne les patients, ils sont informés de notre réseau lorsqu’ils arrivent à l’hôpital. Celui-ci distribue des flyers, réalise un affichage classique, et les informe également via le canal de télévision de l’hôpital.
Comment êtes-vous accueillis des patients et des hôpitaux ?
Nous sommes très bien accueillis des patients dans les hôpitaux où nous sommes aujourd’hui. Les patients hospitalisés sur une longue durée y trouvent un compagnon de séjour.
En ce qui concerne les hôpitaux, nous sommes également très bien accueillis par les directions de la communication qui sont en recherche de nouveaux services pour leurs patients, mais également de nouveaux outils pour digitaliser la communication de l’hôpital. Une première problématique à laquelle nous avons eu à faire face dans les hôpitaux est le manque de développement du WiFi. Notre plateforme est accessible avec la 3G/4G, mais nos interlocuteurs côté système d’information peuvent se montrer un peu frileux sur cet aspect.
Une première problématique à laquelle nous avons eu à faire face dans les hôpitaux est le manque de développement du WiFi
Comment fonctionne-t-il ?
C’est le même principe que Facebook, et on s’inscrit avec un pseudo. Les centres d’intérêt sont les seuls éléments obligatoires à mentionner sur son profil, comme le sport, les séries télé ou le bricolage. Il est destiné à tous les âges et on cherche actuellement à développer une forme particulière pour la pédiatrie. Certains patients, selon les pathologies, passent régulièrement un séjour à l’hôpital. Avec leurs codes, ils peuvent continuer à se connecter de chez eux s’ils en ont envie.
Combien d’utilisateurs avez-vous ? Quelle est la croissance actuelle ?
Aujourd’hui, sur l’ensemble de nos 7 hôpitaux, nous sommes à moins de 1.000 patients. Mais nous avons un fort impact sur les patients hospitalisés pour des longues durées ou venant régulièrement en soin. Dans le cas de l’hôpital Foch de Suresnes, nous avons par exemple 70 % des patients hospitalisés en longs séjours connectés sur notre réseau.
Nous avons un fort impact sur les patients hospitalisés pour des longues durées ou venant régulièrement en soin
Quelles sont vos ambitions ?
Aujourd’hui, nous sommes les seuls sur notre marché des réseaux sociaux hospitaliers. Nous souhaitons donc rapidement prendre la place dans une majorité des hôpitaux français et pouvoir ainsi commencer notre développement à l’international. Nous avons déjà des contacts sur le Benelux et la Suisse.
Pourquoi avoir intégré Antropia et qu’en attendez-vous ?
Antropia est l’incubateur de l’ESSEC spécialisé pour l’entrepreneuriat social. Il était important pour moi de valoriser ma vision de My Hospi Friends, qui est de faire de l’hospitalisation un moment d’échange et d’enrichissement. Le soutien d’Antropia va me permettre de poursuivre la réalisation de nos objectifs tout en respectant nos valeurs de partage, d’ouverture et d’éthique. Cela consolidera les relations de confiance que nous avons commencé à bâtir avec les hôpitaux et les patients utilisateurs.
Quelle est votre vision de l’économie sociale et solidaire en France ? Quel avenir se dessine-t-il ?
L’économie sociale et solidaire est en plein développement en France et je pense que cela va continuer. En effet, elle répond à une évolution de notre société, notamment des jeunes générations qui ont une forme de rejet de l’économie financiarisée. Le modèle économique de l’ESS en mettant l’accent sur la coopération et la solidarité et non sur la concurrence entre les individus apporte une nouvelle voie de croissance à la société d’aujourd’hui.
L’ESS en mettant l’accent sur la coopération et la solidarité et non sur la concurrence entre les individus apporte une nouvelle voie de croissance à la société d’aujourd’hui