L’industrie cinématographique nigériane est la deuxième au monde en termes de films produits chaque année derrière l’Inde et devant les USA depuis 2009. Une production de 2000 films par an en moyenne pour une audience de 150 millions de personnes.
Cette industrie cinématographique 100% made in Nigeria propose toujours des sujets qui s’inspirent de la vie quotidienne des nigérians pour qu’ils puissent s’y identifier facilement. Rien n’est épargné : Ebola, Boko Haram, le kidnapping en pleine rue, les élections, la condition des femmes, SIDA,etc…
Les acteurs ne sont pas des professionnels pour la plupart mais plusieurs acteurs et actrices sont des stars comme Geneviève Nnaji, Mercy Johnson ou Jim Iyke. Beaucoup sont bénévoles tout comme les équipes de tournage. Au delà du divertissement, Nollywood fait rêver bon nombre de nigérians qui n’ont pas de travail, chacun a sa chance de percer un jour et surtout de générer des revenus dans un pays très inégalitaire.
Selon le magazine Jeune Afrique, Nollywood représente 2% du PIB de la première puissance économique d’Afrique et 300 000 emplois directs. Les films disposent de petits budgets, les scènes se déroulent dans la rue, les commerces, les habitations des acteurs amateurs. Les scènes sont tournées avec les moyens du bord, appareil-photo-caméra, générateurs électriques, passants-figurants.
Les films ne sortent pas toujours et quand ils sont distribués en DVD c’est le producteur qui prend les risques financiers, il se rémunérera sur les ventes de ces derniers pour récupérer ses investissements. Les distributeurs sont les grands gagnants de ce business, même si aujourd’hui le piratage illégal les pénalise. Les DVD sont vendus dans les petits commerces et par les commerçants ambulants à bas prix.
La nouvelle génération, à l’image du jeune réalisateur Obi Emelonye qui vit entre Londres et Lagos, tente depuis quelques temps de professionnaliser le secteur et d’internationaliser Nollywood avec des films produits au Nigéria, mais avec des scénarios plus élaborés. Son dernier film Last Flight to Abuja a battu des records au Box Office Nigérian avec 300 000$ de recettes. Un film d’action qui n’a pas été distribué via la réseau classique des DVD, mais via une distribution payante et internationale sur internet par le biais du plus grand distributeur de films nigérians au monde, Iroko TV.
Pour l’Afrique Francophone et la diaspora africaine, cette diffusion internet et via des bouquets TV payants a permis l’éclosion de chaines comme Nollywood TV lancée en 2013, qui rachète les films et les double en français pour les diffuser auprès de téléspectateurs qui paient pour regarder un programme. La chaine est disponible en France sur la télévision câblée.
Autre innovation, Iroko TV mise actuellement sur la diffusion de films sur Smartphones : 100 000 millions de personnes en possèdent un en Afrique Subsaharienne, un formidable canal de distribution pour la société. Cette manne commence à séduire les banques qui investissent depuis peu dans le cinéma nigérian. La banque d’affaire Stanbik a ainsi financé le film au budget record pour le Nigeria, 9 millions de dollars, Half of a Yellow Sun.
L’année dernière le réalisateur Kunle Afolayan a présenté son film Octobre 1 à la quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes, signe que le cinéma nigérian comme à prendre sa place dans l’industrie cinématographique internationale de qualité.