Après une décennie d’urbanisation rapide de ses grandes métropoles et une croissance économique supérieure à 5%, l’Afrique s’engouffre aujourd’hui sur le chemin de la transformation digitale à une vitesse plus importante que celle qu’a connue l’Occident. Le continent qui compte 1 milliard d’habitants a un taux de pénétration internet de 16%, mais de 50% en ville. Des investissements dans les infrastructures mobiles et la fibre optique, les smartphone et tablettes low cost permettent à une population de plus en plus importante de bénéficier d’une multitude de services encore inconnus il y a quelques années, incitant la jeune génération à innover pour inventer l’Afrique de demain.
L’Afrique compte près de 300 millions d’utilisateurs internet, 53 millions d’utilisateurs Facebook et 650 millions de téléphones mobiles, dont 100 millions de Smartphone. Selon une étude du cabinet Deloitte sur « les tendances dans les secteurs de la technologie, des médias et des télécommunications » plus de la moitié des transactions financières réalisées à partir de téléphones mobiles dans le monde ont lieu en Afrique. Autre enseignement, ce sont les pays côtiers qui bénéficient de l’arrivée de câbles sous-marins depuis l’Europe qui ont l’accès plus le large aux nouvelles technologies montrant une forte corrélation entre leur diffusion et le niveau de croissance du PIB.
Selon le dernier rapport sur la situation et les perspectives de l’économie mondiale de la Banque Mondiale, Le PIB de l’Afrique devrait s’accélérer en 2016. En Afrique de l’Est, le taux de croissance approche les 7 %. L’Afrique de l’Ouest est aussi un pôle de croissance : le Nigeria espère 5,5 % pour cette année, confirmant ainsi sa place de première économie africaine, devant l’Afrique du Sud. Ce sont les secteurs des services qui devraient tirer la croissance en 2016 et au-delà.
Cependant, le continent observe une dégradation croissante de la situation des droits humains, comme l’indique le dernier rapport de l’ONG Amnesty International : l’année 2014 a été marquée par une intensification des conflits et un accroissement du nombre de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays, ainsi que des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité perpétrés notamment au Soudan, sans compter la progression de la secte Boko Haram qui terrorise les populations du Nigeria, Tchad, Cameroun et du Niger. Les épidémies et l’extrême pauvreté de certaines populations en font de plus un continent très inégalitaire et fragile, avec d’un côté les mégalopoles qui profitent des investissements étrangers et nationaux dans les infrastructures et de l’autre les régions agricoles très en retard en terme de développement et régulièrement victimes de catastrophes naturelles.
Chaque pays présente des défis spécifiques impactant l’avenir du continent à moyen et long terme. La transition est en marche et même si vue d’Europe elle peut sembler loin d’être acquise, la formidable motivation et foi en l’avenir de la jeune génération vivant en ville, ayant fait des études supérieures, parfois à l’étranger, avide de mettre leurs compétences acquises au service du développement de leur pays, donne de grands espoirs quant au développement de l’Afrique ces prochaines années. Tout l’enjeu sera donc de promouvoir une prospérité partagée entre toutes les populations.
À l’horizon 2040, selon la Banque Mondiale, la moitié des Africains vivront en ville, soit 450 millions de personnes de plus qu’aujourd’hui. Un développement urbain qui devra prendre en compte les problèmes d’alimentation en eau et d’assainissement, de transport, de logement, d’énergie et de gouvernance pour faire rimer urbanisation avec hausse de la productivité et des revenus. Actuellement l’agriculture emploie toujours 60% de la main d’œuvre du continent, dont une grande majorité vit en milieu rural. Tout l’enjeu réside dans le défi de l’amélioration des conditions de vie dans ces zones pour éviter l’exode rural d’une population en quête d’emplois vers les villes. Une migration qui ne ferait que déplacer le poids de la pauvreté des campagnes vers les villes. Des investissements dans les technologies, une offre de services financiers adaptés au monde rural et un accès facilité aux marchés transafricains sont quelques une des pistes explorées.
L’éducation des jeunes est aussi un défi que doit relever l’Afrique. Au cours des 10 prochaines années, 11 millions de jeunes actifs entreront chaque année sur le marché du travail. Ils doivent pouvoir bénéficier d’une formation qui leur offre des compétences adaptées aux exigences des secteurs porteurs du marché de l’emploi. Or, il existe toujours un profond décalage entre le profil des étudiants africains et les attentes des employeurs : enseignement des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques et développement de pôles d’excellence sont déjà en cours en Afrique de l’Ouest.
Le développement de services de santé de base de qualité font également partie des priorités : le virus Ebola a démontré l’urgence de mettre en place des systèmes de prévention et d’alerte efficaces sur toutes les épidémies qui ravagent le continent, comme le paludisme, la tuberculose et le VIH.
Et enfin l’investissement dans des techniques d’adaptation au changement climatique devra réduire les conséquences dramatiques des sécheresses en Afrique de l’Est ou des inondations et des cyclones en Afrique australe qui ne cessent d’augmenter, décimant les récoltes et les populations.
Le continent africain a donc de nombreux défis à relever rapidement pour réduire les inégalités et la pauvreté, faire face au défi énergétique et climatique, réduire les conflits et poursuivre sa transition de continent pauvre à zone émergente, entamée il y a plusieurs années afin de faciliter les échanges, diversifier les économies et créer des emplois.