Les entrepreneuses doivent apprendre à s’imposer

Les entrepreneuses doivent apprendre à s'imposer

On voit très peu de femmes entrepreneuses dans les médias. Et quand on en voit, ce sont toujours les mêmes – Catherine Barba, Agathe Molinar, Céline Lazorthes, entre autres. Pourtant 30% des créateurs d’entreprise sont des femmes. Elles devraient donc être 30% dans le paysage médiatique…

Plusieurs raisons à cela et pas forcément celles que l’ont croit, comme « les journalistes n’interrogent jamais de femme » ou « les femmes n’ont que des petites entreprises ». C’est peut-être vrai, mais il y a surtout le fait que les femmes restent en retrait et ne répondent même pas aux demandes d’interview ou alors avec hésitation, en minimisant leur réussite ou parfois « pourquoi moi ? ».

Autant dire que cela ne donne pas envie de persévérer parfois ! Au final, quand on cherche une femme chef d’entreprise pour un témoignage, on se tourne vers celles qui répondront rapidement, sans « faire de chi-chi » et sans se poser mille questions à savoir pourquoi on les contacte.

Alors oui, il n’y a pas assez de femmes entrepreneures dans les médias, mais Mesdames, l’une des raisons principales c’est vous ! Ayez confiance en vous, assumez vos responsabilités et ne vous rabaissez pas.

Allez aussi au devant des hommes chefs d’entreprise, parlez leurs d’égal à égal et comme une vraie chef d’entreprise, pas en disant « ma petite entreprise me suffit », car de suite assimilé « elle n’a pas besoin de travailler, elle a son mari, son entreprise est un passe-temps ». Annoncez vos ambitions, vos chiffres, vos projets, vos succès. N’employez pas le mot « petit » ou des termes négatifs.

Pour en savoir plus sur l’entrepreneuriat féminin, analysons les données de l’enquête du Centre d’analyse et recherches stratégiques réalisée en 2013 :

Selon celle-ci, il existe bien un « facteur femme » qui pèse sur les femmes créatrices d’entreprise : peur d’échouer, difficulté à se sentir capable de créer et faire grandir son entreprise, vie familiale primant sur le développement de l’entreprise, réseau exclusivement féminin. Autant de freins qui freinent l’entrepreneuriat féminin et la représentation des femmes entrepreneuses dans les médias en France.

Un autre exemple très parlant, ce sont les réseaux dédiés exclusivement aux femmes, les Mampreneurs, Cyber’Elles, Girls in Web. Autant de stigmatisation et d’exclusion par la théorie du genre, créée par les femmes elles-mêmes alors que le réseau peut jouer grâce à une aide directe à la concrétisation du projet. Idem pour les concours réservés aux femmes, donnant l’impression qu’elles ne sont pas capables de concourir avec les hommes ou la Semaine de l’entrepreneuriat féminin qui véhicule une image de pauvres petits êtres sensibles à qui il faut montrer le chemin de la vie façon patriarcale.

En cause aussi, et là on tourne en rond…, le manque d’exemples d’entrepreneuses modèles à même de stimuler un public pouvant s’identifier dès le plus jeune âge. En 2010, la part des femmes chefs d’entreprises de plus de dix salariés représentait 13 % de l’ensemble (chiffres INSEE). Elles sont également moins fréquemment propriétaires et manager d’une entreprise que les hommes. Difficile donc de renouveler les personnalités médiatiques…

La France présente parmi les pays développés un des pourcentages les plus élevés de femmes ne se sentant pas capables de créer une entreprise, mais un taux correct d’opportunités perçues par elles, avec finalement un des plus faible taux d’intention de se lancer :

ENTREPRENEURIAT

Cette faible proportion reposerait notamment sur des représentations où les qualités requises pour entreprendre seraient masculines. En effet, les femmes croient moins que les hommes en l’existence d’opportunités et en leurs capacités à conduire un projet d’entreprise. Elles ont plus fréquemment peur d’échouer. Si de tels stéréotypes freinent la création par les femmes, se cristallise alors la domination des traits masculins associés à l’entrepreneuriat qui persistent dans les environnements étudiants et professionnels d’entrepreneurs.

Ce rapport indique aussi que les femmes en couple ont un taux de pérennité supérieur de leur entreprise par rapport aux femmes seules (71,2 % contre 68,7 %), les femmes se sentant ainsi rassurées et sécurisées par leur conjoint. A l’heure où les modèles familiaux sont en pleine mutation, ce n’est pas rassurant de voir que les femmes auraient toujours besoin d’un conjoint pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale…

On note aussi que le taux de pérennité chez les femmes créatrices d’entreprises « serial entrepreneur » est supérieur à celles qui ne le sont pas (75 % contre 69 %), alors que chez les hommes, la différence est de seulement un point de pourcentage. En d’autres termes, pour les femmes l’expérience joue plus fortement sur le taux de pérennité que pour les hommes.

Enfin les femmes lanceraient aussi moins souvent d’entreprises innovantes que les hommes et resteraient dans des domaines ayant fait leurs preuves : création artisanale, commerce, services. Peu d’entre elles développent des logiciels, des applications mobiles ou ne s’engagent sur un marché disruptif. Autant d’éléments impactant négativement leur représentation dans les médias, à la recherche de nouveauté et non d’un énième site e-commerce de bijoux fantaisie ou d’une nouvelle créatrice de doudous.

Il ne tient donc qu’aux femmes elles-mêmes de faire changer la donne, de s’imposer, d’innover, de ne pas se cantonner au rôle que la société patriarcale leur a attribué depuis la nuit des temps et surtout de ne plus accuser les médias de ne pas leur donner toute la place qui leur serait due. Il suffit de la prendre cette place.