Êtes-vous prêts à manger des pâtes au beurre tous les soirs ?

Êtes-vous prêts à manger des pâtes au beurre tous les soirs ?

Mardi soir se tenait un UP Café  “Jeunes pousses de l’entrepreneuriat: que sont-elles devenues ?“, à la Ruche l’espace de coworking pour entreprise sociales et solidaires, afin de découvrir ce qu’étaient devenues les quatre dernières startups accompagnées par le Groupe SOS et Accenture dans le cadre de la dixième édition du Dreamstorming qui s’est tenue en décembre dernier.

FULLMOBS

Les “UP Conferences Dreamstorming”, co-organisées par le Groupe SOS et Accenture ont pour but de favoriser l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs du changement et leur donner les outils pour réussir. La onzième édition aura lieu le 25 juin au siège d’Accenture.

En 10 éditions des “UP Conferences Dreamstorming”, 40 jeunes pousses de l’entrepreneuriat social ont pu bénéficier des conseils avisés d’experts pluridisciplinaires, et tenter de surmonter les difficultés qui s’opposaient au déploiement de leurs projets.

Des entrepreneurs qui vont à l’encontre du discours pessimiste ambiant, prouvant par leurs actes qu’il est possible de sortir des sentiers battus et des voies pré-tracées pour inventer de nouveaux modèles bénéfiques pour l’ensemble de la société.

Étaient présent :

  • Cultur’line : Forme les personnes isolées, en situation de handicap aux bienfaits de l’art, professionnalise les sites ouverts au public et assure un outil de programmation et de billetterie simplifié et adapté. (Alexandra Blanc-Leleu)
  • FullMobs : La première plateforme collaborative de mobilisation citoyenne pour des actions solidaires, ponctuelles et massives. (Roxane Julien et Séverine Pelleray)
  • Share Voisins : Plateforme de partage d’objets de manière gratuite et hyperlocale entre voisins, favorisant l’emprunt plutôt que l’achat (Kevin Blanchard)
  • We Do Good : Plateforme d’investissement participatif à impact positif (Jean-David Bar)

Mais voilà : créer une entreprise sociale et solidaire, c’est beau, c’est passionnant, c’est utile, mais il faut prévoir 3 ans d’économies avant de pouvoir se verser un salaire. Et encore. Si vous êtes vraiment bons ou si vous obtenez des financements. Pas facile de tenir aussi longtemps, avec la passion et la gniak lorsqu’on a 25/30 ans et qu’on voit tous ses amis construire leur vie, sortir, acheter un appartement, partir en vacances alors que soi-même on mange des pâtes au beurre tous les soirs devant son ordinateur.

Il faut parfois se rendre à l’évidence et trouver une solution. Cultur’line s’est par exemple, fait racheter par une société et ses fondatrices gèrent désormais le projet en interne, en tant que salariées de l’entreprise mère. Elles gardent toute latitude pour développer leurs activités comme elles le souhaitaient a indiqué Alexandra. Bien qu’elles aient perdu en liberté tout de même, elles ont un salaire en fin de mois, et après une longue période de sacrifices, les concessions ont vite été oubliées. L’idée étant de ne pas abandonner le projet comme cela aurait été le cas si elles avaient du continuer seules.

Autre idée, associer une offre de conseil et formation à destination des entreprises. C’est ce qu’a fait Jean-David de We Do Good après avoir perdu une bonne partie de son capital en frais d’avocats au lancement de son entreprise, pensant qu’il fallait bien encadrer son activité. Aujourd’hui c’est une erreur qu’il ne referait pas et conseille d’ailleurs d’attendre pour commencer à engranger des frais, d’avoir déployer une activité commerciale. We Do Good a permis le financement de 5 projets à impact positif depuis son lancement, mais ne permet évidemment pas de se verser un salaire.

Quant à Share Voisins, qui avait eu une énorme couverture médiatique à son lancement en octobre 2014, et qui compte 15000 abonnés, la startup n’a aujourd’hui pas trouvé de business model et réfléchit à proposer une participation libre aux utilisateurs, ou un abonnement à partir d’un certain nombre d’échanges. Mais il s’avère difficile de passer d’un modèle tout gratuit à une rémunération lorsqu’on a basé son identité de marque sur le partage et l’entraide… Tout l’art de l’entrepreneuriat social et solidaire réside dans le fait de contribuer à changer le monde, mais tout en expliquant que toute action mérite rémunération.

Full Mobs, une plateforme qui permet de donner de son temps pour des actions sociales et citoyennes, le crowdtiming, lancée en mars 2015 a tenté la participation libre sans grand succès… Aujourd’hui les co-fondatrices n’ont pas trouvé non plus de business model et y réfléchissent. L’objectif étant plutôt d’agrandir la communauté, de se faire connaitre et de nouer des partenariats avec des grandes entreprises, qu’elles pourraient à terme faire payer moyennant l’organisation d’events sociaux pour leurs salariés. Roxane et Séverine sont soutenues par le Fund Raising Lab, un incubateur social.

L’entrepreneuriat social et solidaire a le vent en poupe depuis quelques années, porté par une génération qui veut faire bouger les lignes à son échelle, après avoir vu leurs parents souffrir du monde impitoyable de l’entreprise, de la crise et des inégalités croissantes. Mais difficile d’en vivre, beaucoup de sacrifices à faire pour un résultat incertain, même si la réussite d’une telle entreprise réside dans l’accomplissement personnel plutôt que les finances.

Photo Fullmobs


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