50% des jeunes de 18-24 ans souhaitent créer leur boite contre 34% de l’ensemble des Français, selon le baromètre de la société de capital-investissement Idinvest, réalisé avec Viavoice du 20 février au 3 mars 2015. Un phénomène de génération, voire de société qui n’en finit plus de faire parler de lui, tant les chiffres sont impressionnants d’année en année.
Une génération motivée par le numérique qui met la création d’entreprise à la portée de tous et donne à chacun sa chance de prendre sa vie en mains, d’être libre et de créer le monde de demain.
Nous avons interrogé Viviane de Beaufort, professeur à l’ESSEC, membre de think tank européens, co-fondatrice du Centre Européen de Droit et d’Économie, et surtout très engagée autour de la question de l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes en France. Son crédo est S’ENGAGER pour ” Faire BOUGER les lignes”.
Pourquoi les jeunes d’aujourd’hui veulent devenir entrepreneurs ?
Le nombre de jeunes voulant créer leur entreprise a nettement augmenté ces dernières années pour plusieurs raisons. Des raisons positives d’une part : cette génération revendique son autonomie et l’équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle. Ils cherchent aussi du sens dans leur job, chose qu’ils ne trouvent pas dans l’entreprise en tant que salarié. Ils se lancent donc dans des projets qui font sens, plus que pour gagner de l’argent. Il y a aussi des raisons négatives à ce phénomène, comme le fait qu’il y ait peu de jobs disponibles à la fin de leurs études notamment. Ils trouvent ainsi en créant leur entreprise une manière de s’en sortir. Il s’agit d’une réaction à un contexte économique peu encourageant.
Cette situation s’observe ailleurs en Europe, surtout en Europe du Sud où la situation économique est dégradée, mais même en Allemagne, actuellement en plein boom d’activité, les créations d’entreprise chez les jeunes sont en hausse.
La hausse de la création d’entreprise actuelle en Europe est un phénomène de génération
Créer son entreprise est-il un ascenseur social ?
Des études appropriées, comme une école de commerce, permettent d’augmenter les chances de réussite grâce à l’écosystème dont les étudiants bénéficient. Mais tout le monde peut créer sa boite, s’il (elle) est malin(e), a une bonne idée, tout en ayant fait peu d’études. Surtout aujourd’hui avec l’essor d’internet qui donne sa chance à ceux qui n’en n’auraient pas eu quelques années plus tôt. C’est un phénomène qu’on a observé aux USA il y a 15 ans et qui se propage maintenant en France, et en Europe avec des années de retard.
Créer son entreprise donne une vraie chance aux jeunes qui n’ont pas de diplôme, par rapport à la voie classique de recherche d’emploi qui valorise les études, l’école et le diplôme de façon obsolète. Alors qu’en créant sa startup, une bonne idée, un financement par le crowdfunding, les lab, le private equity… Tout ceci permet de surmonter les obstacles et mettre toutes les chances de son côté pour réussir.
D’ailleurs de plus en plus de jeunes issus de quartiers sensibles mettent en place des initiatives pour promouvoir l’entrepreneuriat auprès des autres jeunes, en associant les écoles qu’ils n’ont pas eu la chance de fréquenter, faute de moyens financiers. Ils se disent Pourquoi pas moi ? Et saisissent leur chance.
On peut réussir même sans diplôme, en créant sa boite, grâce au digital
Tous entrepreneurs, c’est bien, mais vont ils tous réussir ?
Tout le monde n’est pas fait pour entreprendre. Créer sa boite c’est risqué. Chacun peut prendre sa chance, mais la réussite n’est pas forcément au bout. Surtout dans notre contexte économique et culturel. La France ne va pas bien, ne comprend pas le concept de startup, même les incubateurs ne le comprennent pas ! Beaucoup fonctionnent sur une idée de l’entrepreneuriat à la papa, comme avec une entreprise classique, ce qui est totalement inadapté aux startups ! Les gens de 45/50 ans ne comprennent rien aux startups et aux jeunes : les business model, le lean startup, le crowfunding, la folle croissance du trafic, les valorisations et les rachats précoces… Ils sont très éloignés de tout cela.
Les structures mises en place ne correspondent pas au défi entrepreneurial actuel