S’il est un adage que tous les entrepreneurs se répètent en boucle, c’est bien celui de l’importance du réseau. Sans ce dernier, il serait impossible de réussir… Voire tout simplement de créer son entreprise, faire faire un site internet, dénicher le meilleur comptable ou le stagiaire de rêve et surtout de signer des contrats juteux. Bref il faudrait compter sur les autres pour avancer et développer ses activités, seul on ne serait rien. Au delà de cette “évidence”, il y aurait aussi des codes pour réseauter, un mode d’emploi que chacun devrait appliquer pour ne pas avoir l’air de se servir des autres et optimiser chaque contact virtuel ou réel.
Comment réseauter aujourd’hui ?
Les réseaux sociaux professionnels, par essence sont un formidable vivier de contacts pour qui veut constituer son le sien dans un nouveau domaine, en cas de reconversion, recherche d’emploi ou création d’entreprise par exemple. En quelques clics, il est facile de se connecter, d’échanger et cherry on the cake de proposer de se rencontrer dans la vraie vie. Car même si le virtuel a pris une place dans les échanges humains, une vraie rencontre autour d’un déjeuner ou d’un verre, ne remplacera jamais les mails. C’est en se rencontrant qu’on se jauge, qu’on voit si on pourra travailler ensemble ou s’apporter quelque chose et c’est surtout le seul moyen de “sentir” la personne qui est en face de soi : il est plus difficile de cacher qui on est vraiment autour d’une entrecôte-frites que sur Linkedin…
“Le networking réel est aujourd’hui très important” explique Stéphanie Sellier, fondatrice de French Connect, un média web lifestyle et business qui s’est positionné comme le trait d’union de référence entre Français et Belges, jouant à 100% la carte du réseau entre les deux pays. “Chaque mois, un évènement networking ludique est organisé dans le but de tisser davantage de contacts entre les dirigeants français et belges, et de multiplier des opportunités de business. Un modèle qui a fait ses preuves, puisque 500 deals ont été réalisés entre les membres depuis sa création en 2010” ajoute t-elle.
Pour autant “le réseau « virtuel » est primordial car il débouche sur du réseau IRL de temps en temps” indique Agnès Weissberg, fondatrice de Practice & Win, un Centre d’entraînement à l’excellence relationnelle et commerciale dans la Creuse. Le réseau virtuel lui permet de “conserver des contacts privilégiés avec les clients de mon ex-entreprise et de fait de rebondir pour des contacts sur la nouvelle” et “de gagner en visibilité, en crédibilité et légitimité et de faire de nombreuses rencontres professionnelles mais aussi humaines“. C’est aussi grâce à son réseau virtuel qu’Agnès y a “rencontré sa nouvelle associée !”
Pour des gens qui habitent non seulement en province mais en rural, le réseau virtuel change totalement la donne professionnelle
Peut-on créer sa boite et réussir sans réseau ?
Quand on crée son entreprise, à moins de rester dans son domaine ou de devenir sous-traitant de son ex-patron, il semble que rejoindre ou créer un réseau soit essentiel au lancement, pour les bons plans par exemple, mais aussi au développement, lorsqu’on se pose des questions sur son activité ou qu’on souhaite monter des partenariats.
Aujourd’hui “un réseau peut vite se construire” explique Laurent Maupoint, fondateur de la marque de thé Lagosta, qui “pratique plein de réseaux, physique et en ligne, à titre pro et à titre perso” façon “« Jean-Claude Dusse », du style que sur « un malentendu » tout est possible“. C’est à dire sans rien préparer ou anticiper, mais en sachant “saisir l’instant“. C’est d’ailleurs souvent en n’ayant pas de plan, mais en étant soi-même et en discutant à bâtons rompus que les meilleures rencontres se font. “Tout le monde peut apporter à chacun, le but n’est pas de faire « plaisir » ou « d’abuser », mais que chacun y retrouve son compte, un échange gagnant gagnant“. C’est d’ailleurs grâce à son réseau que Laurent a lancé son entreprise, après “une quinzaine d’années dans des établissements financiers” et un accident “n’ayant pas de boutique physique ni de budget communication, c’est une très bonne alternatives à plusieurs niveaux. Pour trouver des clients, mais aussi des fournisseurs des points de vente, des idées, des partenariats, des ambassadeurs…”
Pour Morgane Sifantus, réseauter est d’ailleurs un moment clé de la vie de l’entrepreneur “monter son réseau, ça fait partie pour moi des aspects sympas de la vie d’entrepreneure. Quand je vois les rencontres incroyables que j’ai faites depuis 4 ans…“. C’est d’ailleurs grâce à son réseau virtuel et réel, qu’elle a monté 100% de sa clientèle de son entreprise Mo’Pour Mots “j’utilise 4 canaux : les réseaux sociaux, Facebook principalement ; les réseaux lyonnais ; les tête à tête et le co-working. Je teste des choses, si ça me plaît, si je rencontre des personnes intéressantes, je garde, sinon, j’arrête“. Ensuite, il ne faut pas se dire que le réseau fait tout, ce n’est pas LA clé de la réussite mais UNE des clés “tout dépend aussi de ce que l’on entend par réussite, chacun ayant sa propre définition. En ce qui me concerne, le réseau est synonyme de partage, d’entraide et de business, plus que de « réussite »“.
Pour « réussir » il faut justement ne pas se « servir » de son réseau mais le vivre
Attention à ne pas devenir opportuniste
Le risque dans la pratique du réseau c’est de passer pour un opportuniste : celui qui est toujours là, dans tous les events ou sur toutes les conversations Linkedin et Twitter, mais qui ne donne jamais rien. Qui garde ce qu’il sait pour lui, mais qui n’hésite pas à prendre ce qui peut lui servir. En résumé, celui qui se sert des autres dans son propre intérêt, mais qui ne sait pas donner ni échanger.
Car réseauter, c’est surtout échanger “Pour savoir recevoir, il faut savoir donner” explique Laurent Lingelser, cofondateur de Jogg.in un réseau social pour les adeptes de running et producteur de films tels que Génération Working Holiday Visa. Dans les évènements networking, “il ne faut pas hésiter à mettre sa timidité de côté en allant vers les autres pour parler de son projet mais aussi en étant à l’écoute“. Ne pas uniquement parler de soi et ses besoins, mais prendre en compte ceux des autres pour voir si on peut être utile. “Si on utilise le réseau comme un réseau d’échange, on ne passe pas pour un opportuniste” ajoute Laurent, car “si vous demandez trop pour les uns et les autres, ils sauront s’en souvenir et vous renverront la balle dès que vous aurez à votre tour besoin de leur réseau“. A méditer…
D’ailleurs, il faudrait changer de vocabulaire et bannir le mot “se servir de son réseau“, comme l’explique Carole Michelon, directrice associée de Connecting Women, qui organise notamment le Printemps du Networking “souvent le mot « servir » peut être vu de manière péjorative. On pourrait croire que vous êtes quelqu’un d’intéressé“. Et, même si vous l’êtes, il ne faut pas le montrer ! Ce sont d’ailleurs les femmes “qui ont l’impression d’abuser ou d’usurper” lorsqu’elles jouent de leurs relations, contrairement aux hommes selon Carole. Et pourtant “il faut être conscient que tout le monde à y gagner dans un réseau. On a toujours à prendre et à donner, c’est un couple qui fonctionne bien”. La clé serait donc de rester naturel, d’aller vers les autres, de réfléchir à ce que vous pouvez apporter à votre réseau avant de demander pour vous-même. “Parfois cela n’est pas immédiat, mais cela reste dans un coin de votre tête et au moment opportun vous saurez comment transformer en actions concrètes votre rencontre“.
Les personnes visibles auront toujours un avantage sur les autres